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LE MAÎTRE D’ÉCOLE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

aurait un maître d’écriture et d’arithmétique, un maître de plainchant, et l’ecclésiastique (le directeur nommé par l’évêque) serait chargé des conférences sur la religion suivant l’ordre du catéchisme[1] ». Bref, malgré quelques essais peu durables, comme le séminaire de maîtres d’école établi par Drouas, évêque de Toul (1754-1773) dans sa ville épiscopale[2], comme aussi cette petite école normale qu’une dame Guillard, marchande drapière à Dunkerque, fonda à Saint-Wast (Pas-de-Calais) par une rente de 8 000 l.(1753)[3], — Bernardin de Saint-Pierre pouvait avec raison formuler ce « vœu d’un solitaire » : « Avant d’établir une école de citoyens, on devrait établir une école d’instituteurs. J’admire avec étonnement que tous les arts ont parmi nous leur apprentissage, excepté le plus difficile de tous, celui de former des hommes. »

Titres de capacité. — « Nous n’avons point de lois qui demandent d’autres qualités dans les maîtres d’école que la bonne doctrine et les mœurs », dit Guy du Rousseaud de la Combe[4]. Cependant, ce même juriste cite un arrêt du Parlement de Paris du 7 février 1754 exigeant des maîtres d’école de cette ville la qualité de maîtres ès arts. Exception était faite pour les écoles de charité tenues par des prêtres habitués pour les garçons, et par des sœurs pour les filles. Ainsi cet arrêt, dans une intention excellente sans doute, tendait à exiger des directeurs d’école le titre que, suivant Étienne Pasquier, on demandait aux régents ou professeurs de collège. Mais il est certain que cette prescription, si elle fut appliquée, ne s’étendit pas à la province. Chaque évêque, dans son diocèse, resta libre de fixer les conditions à remplir pour obtenir l’autorisation de tenir école.

Examens et concours. — Quand un examen avait lieu, il portait généralement sur l’instruction religieuse du candidat, le

  1. Albert Babeau, L’instruction primaire dans les campagnes avant 1789, d’après des documents tirés des archives communales et départementales de l’Aube, p. 33.
  2. Schmidt, L’instruction primaire à la campagne en Lorraine, il y a cent ans, d’après l’enquête de 1719, p. 18.
  3. Fontaine de Resbecq, Histoire de l’enseignement primaire avant 1789 dans les communes qui ont formé le département du Nord, p. 61.
  4. Recueil de jurisprudence canonique et bénéficiale, p. 60.