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REVUE PÉDAGOGIQUE

Normandie, la proportion des maîtres ecclésiastiques dépassait un tiers : 368 sur 855 écoles de garçons en 1710-1717. Toutefois, dans les doyennés du Havre, des Loges, de Fauville et de Saint-Romain, elle était de 13 sur 95 écoles existantes[1]. À Paris, sur 44 maîtres mentionnés dans un arrêt du Parlement de 1625, 21 sont des prêtres. Par contre, dans l’Est et la région de Bordeaux, presque tous les maîtres étaient laïques.

Ainsi, d’une façon générale, les maîtres ecclésiastiques formaient la minorité, et leur nombre ne cessa de diminuer à mesure que le clergé s’enrichit. À défaut de prêtres, les communautés durent se contenter des laïques qui s’offraient à leur succéder[2].

On se demandera quelle pouvait être la valeur de l’enseignement donné par les membres du clergé. Le correspondant de Grégoire déjà cité s’exprimait ainsi : « Ces messieurs les Curés font mine de faire dire la leçon à tous les enfants qui se présentent, et dans le fait ils se bornent à enseigner une ou deux fois à servir la messe. Ces pauvres enfants qui sont déjà utiles à leurs parents ont la constance de revenir chaque jour chez leur curé durant quatre, cinq et quelquefois six ans, et jamais ils ne savent lire ». — Un autre correspondant du Lot-et-Garonne, dont l’impartialité paraît moins sujette à caution, affirme que ces maîtres « se distinguaient par le zèle et l’assiduité pour apprendre aux enfants leurs devoirs envers Dieu et envers le prochain » ; mais ils négligeaient l’instruction proprement dite, si bien qu’à son avis, ceux qui savaient lire ne formaient pas le douzième de la population, proportion peu exagérée, car les statistiques de Maggiolo accusent pour cette région une moyenne de 14,5 pour cent de conjoints ayant pu signer leur acte de mariage.

À Paris, un arrêt du Parlement du 7 février 1654 défendit de choisir des prêtres habitués pour les fonctions de maîtres d’école « à cause de la résidence qu’ils ne peuvent donner à l’église et à l’école ». Pour le diocèse de Rouen, il nous suffira de renvoyer

  1. De Beaurepaire, Recherches sur l’instruction publique dans le diocèse de Rouen avant 1789, t. II, p. 406-407.
  2. « On ne peut trouver de prêtre pour faire la fonction de clerc, disent en 1757 les paroissiens de Grémonville (Seine-Inférieure) ; mais il se présente un clerc laïque capable de tenir les écoles, de donner l’instruction convenable, de chanter à l’église et de la tenir propre. » (Archives de la Seine-Inférieure.)