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Le Maître d’École
sous l’ancien régime.


Depuis une vingtaine d’années, de nombreux auteurs ont pris à tâche de retracer l’histoire de l’enseignement primaire dans nos anciennes provinces. Grâce à leurs recherches, on peut se rendre compte de l’état général de l’instruction populaire sous l’ancien régime. Cependant, malgré l’abondance des matériaux, on n’a pas encore tenté, croyons-nous, d’écrire une monographie un peu complète du maître d’école d’autrefois. Ce silence tient sans doute aux conditions essentiellement variables de l’existence de nos devanciers, conditions nées de l’absence d’unité de direction dans l’organisation de l’enseignement. Ici, le maître d’école dépendait de l’autorité civile, là de l’autorité ecclésiastique, ailleurs de l’abbaye ou du principal seigneur du lieu. Dans telle province, il vivait assez facilement grâce aux nombreuses gratifications dont il bénéficiait par l’usage ; dans telle autre, il végétait. Une pareille diversité était bien faite pour rebuter au premier abord ceux qui ont la douce habitude de tout renfermer en quelques formules.

En pareil sujet, l’écueil était de généraliser sans avoir réuni le plus grand nombre de documents possibles, Qu’on ne s’étonne donc pas de voir les citations s’accumuler dans les pages qui vont suivre : cette méthode était la seule rationnelle, la seule qui permit de faire revivre, d’une façon à peu près exacte, la physionomie originale du maître d’école sous l’ancien régime.

Maître d’école et instituteur. — Le mot d’instituteur, par lequel la loi désigne aujourd’hui les maîtres des écoles primaires, dérive de celui d’institution, autrefois synonyme d’éducation. Un chapitre des Essais de Montaigne est intitulé : De l’institution des enfants. Rabelais nous raconte « comment Gargantua fut