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La Mutualité.


Dans l’article, paru ici même[1], où M. Alengry analyse et critique mon récent ouvrage sur la Mutualité, il s’est glissé quelques erreurs de fait que je voudrais rectifier. — Mon honorable contradicteur, que je remercie de son impartialité et de sa courtoisie, me permettra sans doute de m’employer, pour ma modeste part, à bien « préciser les idées, » à opposer exactement les principes en présence. Et nos communs lecteurs estimeront peut-être que la question en vaut la peine.

Lors donc que M. Alengry demande si la mutualité « doit être exclusivement une œuvre de prévoyance personnelle », ou si « elle n’implique pas d’abord l’idée d’association..., » la différence qu’il établit ainsi entre nos deux conceptions reste purement illusoire. Car la mutualité ne peut être qu’une modalité de l’association. Et l’analyse qui ne découvre dans le livret individuel que « la seule idée de prévoyance et d’épargne personnelle, » est évidemment incomplète. La Caisse nationale des retraites est fondée sur l’association, non seulement celle des capitaux qu’une gestion commune fait fructifier, — telle qu’on la trouve déjà dans la caisse d’épargne, — mais celle, beaucoup plus étroite encore, des chances de mortalité de tous les déposants. Et il se peut que nombre de ceux-ci, mutualistes sans le savoir, n’en soupçonnent rien. Mais le fait n’en est pas moins certain, et il n’y a qu’à le leur apprendre. Le symbole de la « seule idée de prévoyance et d’épargne personnelle, » ce n’est pas le livret de la Caisse d’épargne, moins encore celui de la Caisse nationale des retraites ; c’est la tirelire de l’enfant, ou le bas de laine de nos grand’mères.

  1. Revue pédagogique, 15 mars 1904, p. 253.