La conclusion de M. Lépine est la suivante : il faut à tout prix, et sans retard, enrayer « le développement du fonds commun inaliénable » {p. 210) et au contraire favoriser celui du livret individuel qui, seul, représente l’idée mutualiste ; qui, seul, est conforme à la vérité et à la justice. Une fois le fonds commun disparu jet avec lui les cotisations et subventions sous leur forme actuelle, « le mutualisme, — au lieu de se modeler de plus en plus sur le socialisme, son frère ennemi, par l’appel à l’assistance toujours croissante de l’État, c’est-à-dire, en définitive, par l’emploi de la contrainte et de la spoliation, — se montrera enfin ce qu’il est et doit être : en radicale opposition avec lui, puisqu’il se fonde exclusivement sur l’énergie individuelle et sur l’association volontaire, sur la justice et la liberté » (p. 217).
Nous avons présenté, avec une rigoureuse impartialité, les principes et les idées directrices qui ont guidé M. Lépine et l’ont conduit à une conclusion qui a surpris, ému et parfois peiné d’excellents « ouvriers » de la mutualité surtout scolaire. Ils ont failli en perdre la foi, cette foi active et généreuse qui les a soutenus jusqu’ici.
On verra dans ma conclusion que j’en ai dit assez pour leur montrer à la fois et que M. Lépine avait fait œuvre utile en nous invitant à la réflexion, et que la mutualité scolaire n’avait pas faiilli à son programme, à sa mission d’éducation civique et sociale. Elle apprend simultanément l’épargne individuelle et la solidarité, la liberté et la mutualité, la justice, l’égalité et la fraternité. Elle fait appel à l’assistance publique et privée non pour remplacer, mais pour aider l’effort individuel préalable. Elle prêche non la haine des classes, mais leur union. Loin de préparer des « non-valeurs et des déchets sociaux », elle en hâtera la disparition progressive. Loin de développer « l’esprit de mendicité légale », elle apprendra à se passer de plus en plus de l’État considéré comme une Providence universelle, le rôle de l’État se bornant de plus en plus à « subventionner », à aider l’effort personnel, non à le paralyser. Bref, elle initie les enfants « au solidarisme à la mode », parce qu’il est la formule moder-