Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1904.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée
256
REVUE PÉDAGOGIQUE

Il est vrai que les mutualités scolaires ont été invitées, officiellement pour ainsi dire, à donner leur préférence au fonds commun. Une commission interministérielle, instituée par le Ministère de l’Intérieur et par le Ministère de l’Instruction publique, a dresse un tableau et publié un graphique qui « montrent de façon évidente » la supériorité des versements au fonds commun sur le : versements au livret individuel (p. 57-65 ; 291-313). La commission invoque deux arguments principaux pour orienter les mutualités scolaires du côté du fonds commun : 1° la supériorité du taux de l’intérêt, 4,50 p. 100 au lieu de 3,50 p. 100, plus tous les avantages complémentaires (communs il est vrai au livret individuel et au fonds commun) offerts par l’État : a) le quart du versement annuel, b) une capitation de { franc pour tout sociétaire âgé de moins de 55 ans, etc. ; — 2° la facilité de faire passer les mutualistes scolaires dans les mutuelles d’adultes qui sont presque toutes organisées sur le mode du fonds commun (p. 292). — Il ne s’agit pas de supprimer le livret individuel, car il est la récompense de l’effort personnel. Mais il faut élargir le fonds commun, car il incarne l’idée mutualiste. Comme l’a dit M. Ed. Petit, en termes élevés et précis : « le fonds commun représente l’effort collectif, il sert de lien durable entre mutualités et mutualistes, il donne à l’œuvre sa pérennité ; son importance éducative, sociale et financière a été mise en lumière par l’application de la loi de 1898 » (p. 60-61).

Cette orientation nouvelle est critiquée par M. Lépine. Le retour au fonds commun, et l’abandon (partiel) du livret individuel, lui paraissent un « recul » (p. 66) et un danger, et même une « injustice » (p. 106, 124), une « spoliation » (p. 111, 119, 124), un « vol ! » (p. 119).

Il le « démontre » en comparant la sécurité et la productivité respective du fonds commun inaliénable et du livret individuel à capital aliéné.

La sécurité du fonds commun n’est qu’apparente, car, dit-il, le taux de faveur de 4,50 p. 100 n’est pas définitif (p. 71 et s.). On n’est donc jamais sûr à l’avance de la quotité de la pension de