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LA MUTUALITÉ

voyance ; 2° parce qu’elle fait « déchoir » ceux à qui elle profite et qui acceptent une aumône inutile et humiliante (p. 47).

Les Sociétés de Secours Mutuels préfèrent aussi le système du fonds commun au système du livret individuel, parce que les ressources qui proviennent du livret individuel sont placées à la Caisse nationale des retraites au taux de 3,50 p. 100, tandis que les sommes du fonds commun sont placées à un taux supérieur, 4,50 p. 100, à la Caisse des dépôts et consignations. C’est donc le législateur qui a favorisé le fonds commun au détriment du livret individuel, c’est lui qui a poussé les Mutualités à l’assistance en les détournant de la prévoyance (p. 49-52). « Nous touchons ici, dit M. Lépine, une des erreurs fondamentales commises par la Mutualité française… Cette différence des deux taux d’intérêt est le leurre qui explique la vogue persistante de cette autre erreur radicale : le fonds inaliénable » (p. 52).

Ces critiques générales visent également cette forme de la mutualité qui s’appelle la Mutualité scolaire. Ici la cotisation hebdomadaire de 10 centimes est divisée en deux parts : a) 5 centimes sont versés sur le livret individuel de l’enfant et placés à la caisse nationale des retraites où ils produisent 3,50 p. 100 ; b), les 5 centimes qui restent vont à la caisse de la maladie. Mais, vu le jeune âge des participants, les maladies ne sont ni longues ni coûteuses et elles n’absorbent que la moitié de 5 centimes, soit 2 centimes et demi. L’excédent, les 2 centimes et demi restants, est affecté au fonds commun des retraites, placé à 4,50 p. 100 à la Caisse des dépôts-et consignations.

Le succès de cette organisation est connu. Il provient, d’après M. Lépine, de « la spécialisation des cotisations », et du « service en argent de l’indemnité de maladie ».

Mais elle prête le flanc aux mêmes critiques que les autres sociétés, car elle repose sur la dualité des retraites, l’une constituée à l’aide du livret individuel, l’autre par le fonds commun. Et conme le fonds commun jouit d’un taux de faveur, les mutualités scolaires ont une tendance à délaisser le livret individuel pour le fonds commun. C’est cette tendance que veut enrayer M. Lépine.