L’enseignement primaire tel qu’il existe dans les écoles ordinaires avec ses programmes et ses méthodes, est appliqué dans un tiers des prisons. L’enseignement primaire restreint à ses matières les plus simples, les plus immédiatement utilisables, est appliqué dans les deux autres tiers. Je dirai plus bas combien cette restriction dans les programmes est indispensable.
6° Question : Résultats généraux de cet enseignement.
Toutes les réponses, sauf de très rares exceptions, sont optimistes. La grande majorité des détenus accueille cet enseignement avec plaisir ; les indifférents ou les hostiles sont une infime minorité : 2 circonscriptions pour 30, pas davantage[1].
Les résultats, soit pour l’instruction, soit pour le relèvement moral, sont dans la même proportion : ils sont des plus favorables pour 26 circonscriptions sur 30 environ, et nuls ou à peu près pour 4/30.
Cette part, heureusement si faible, laissée aux insuccès, pourrait être singulièrement réduite si l’on pouvait isoler les bonnes natures et les soustraire à la vie en commun. Il faudrait pour cela que toutes les prisons départementales eussent des quartiers pour l’isolement. C’est là une sérieuse lacune à combler. Mais il faudra de longs efforts avant que les conseils généraux votent les fonds nécessaires pour transformer les prisons départementales en prisons cellulaires, en application de la loi du 5 juin 1875. Il y aura beaucoup à faire de ce côté.
Je tiens à insister sur les réponses faites à la 6e question :
Le détenu, en général, a perdu confiance en lui-même et dans les autres ; avec la confiance, il a perdu le ressort de l’activité. Or les leçons qu’on lui donne sur un ton paternel et persuasif, ton auquel il n’est pas habitué, contribuent énormément à lui faire reprendre courage et confiance, elles le poussent à accueillir avec empressement les ouvertures des bienfaisantes sociétés de patronage qui lui procurent de l’ouvrage dès sa libération. En outre, beaucoup de directeurs soulignent l’heureuse influence de l’école sur la tenue et la discipline générales. Je suis charmé, pour ma part, de cet optimisme, car il vient de gens qu’on se représente d’ordinaire comme rudes et sans cœur, habitués qu’ils sont à
- ↑ Voir en outre la statistique de 1895, résumée plus haut.