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chronique de l'enseignement primaire en France

sa cuillère ? — Sa fourchette ? — De quelle main doit-on porter les aliments à la bouche ? — Si on ne désire pas d’un plat, doit-on répondre Non à la personne qui vous en offre ? — Que devez-vous répondre au monsieur, à la dame, à la demoiselle qui vous sert ? — Un enfant a-t-il le droit de parler à table ? — Que doit faire un garçon qui rencontre dans la rue une personne qu’il connaît ? — Que doit faire, dans le même cas, une petite fille ? — Faites la révérence que vous feriez. — Etc., etc. Toutes ces questions s’adressent indistinctement à toutes les élèves. Une ou deux trouvent une réponse, bonne ou mauvaise, que les autres répètent, chantent ou crient en chœur. Résultat les élèves ne savent pas répondre quand elles sont interrogées individuellement, ou répondent à tort ou à travers ― ce qui est la même chose, à moins que ce ne soit pire. On fait des têtes de linotte.

Mais, pourrait-on dire, si on ne s’adresse qu’à un élève, celui-là seul est attentif ; ses camarades se désintéressent de la question et attendent leur tour. Cet inconvénient — très grave — n’existe pas pour qui sait employer le procédé. D’abord, les élèves non interrogés ne peuvent pas savoir d’avance si leur camarade trouvera la réponse à la question qui lui est posée et, par suite, si l’un ou plusieurs d’entre eux ne seront pas invités à lui prêter leur aide. En second lieu, il n’est pas nécessaire, il n’est même pas bon, avant d’avoir posé la question, de désigner l’élève qui répondra. On pose la question à toute la division, et l’on désigne ensuite l’élève chargé d’y répondre. S’il reste muet, après un moment de réflexion, on s’adresse à un autre parmi ceux qui demandent à être interrogés — ou parmi ceux qui n’écoutent pas. Enfin, lorsque la question est difficile, qu’elle demande plus de jugement et de réflexion que les questions ordinaires, on peut s’adresser à tous les élèves à la fois, afin d’exciter leur émulation ; à mesure que les réponses arrivent, — et il ne doit naturellement s’en produire qu’une à la fois, — on les apprécie, jusqu’à ce que la bonne soit formulée par un élève ou, si elle se fait trop attendre, par le maître lui-même.

(Bulletin de l’Aveyron.)

Annonce de la mort de M. Henri Marion

Nous avons le regret d’annoncer à nos lecteurs la mort de notre ami et collaborateur M. Henri Marion, qui occupait avec tant de distinction, à la Sorbonne, la chaire de science de l’éducation. M. Marion était atteint d’une affection de poitrine, et son état s’était aggravé dans ces derniers temps : il a succombé le 5 avril ; ses obsèques ont eu lieu le 8, à l’église Saint-Thomas-d’Aquin, à Paris. Il n’était âgé que de quarante-neuf ans.