Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1896.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée
227
L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

fiers d’appartenir et pour laquelle nous sommes toujours prêts à verser notre sang !

Messieurs, encore un mot et j’ai fini.

Vous avez sous les yeux, Monsieur le député, quelques-uns des nôtres vêtus de leurs burnous blancs, et de leurs chachias traditionnelles ; déjà, l’été dernier, vous avez cordialement accueilli chez vous, en Champagne, un certain nombre de leurs élèves qui sont représentés ici. Quelle différence faites-vous donc, au point de vue du langage, de l’esprit, et des manières, entre ces jeunes gens et vos compatriotes de la Bretagne, de l’Auvergne ou de la Garonne ? Aucune, n’est-ce pas, si ce n’est le costume. Eh bien ! ne sont-ils pas un salutaire exemple pour leurs coreligionnaires moins favorisés et un sérieux gage de concorde pour les générations futures ? Vous en êtes, comme nous, absolument convaincu.

Messieurs, buvons enfin à tous ceux qui, par leurs discours et par leurs actes, ici, à Paris, à Constantinople ou à Tunis, sèment la bonne parole, prêchent l’union des Français et des Musulmans, travaillent sans cesse à augmenter le prestige de la Patrie dans le monde entier !

Vive la France ! Vive la République ! Vive l’Algérie !

M. Albin Rozet, répondant à MM. Estienne et Belkassem Ben Sedira, a prononcé le discours suivant, vivement applaudi :

Messieurs,

Votre réception si cordiale et les remerciements vraiment trop flatteurs que vous m’adressez me touchent profondément, et dépassent de beaucoup ce que j’ai pu faire jusqu’ici en faveur de l’œuvre à laquelle nous sommes tous dévoués.

Je lève mon verre en l’honneur de cette œuvre.

À l’enseignement des indigènes, à ses professeurs et à ses élèves ! À son chef, le respectable M. Jeanmaire, recteur de l’académie d’Alger, qui depuis tant d’années vous prodigue ses forces et sa bonne volonté ! Au dévoué et sympathique M. Estienne, directeur de l’école normale de la Bouzaréah, toujours sur la brèche pour défendre ses élèves !

Conformément aux engagements pris par elle il y a soixante-cinq ans, la France aurait pu se borner à respecter simplement, ainsi qu’elle l’a promis, la religion et les croyances de ses sujets musulmans d’Algérie. Mais il lui a semblé, il nous semble à tous que ce respect littéral eût été bien sec, bien vide et tout à fait en contradiction avec le génie bienveillant, philanthropique et civilisateur de notre patrie. Nous devions à l’Algérie quelque chose de plus.

C’est cette pensée généreuse qui a amené peu à peu la France à s’occuper des écoles indigènes. Tous les gouvernements y ont plus ou moins travaillé ; mais il était réservé à la République, il convenait vraiment à cette amie de l’instruction en France de la répandre en Algérie. C’est sous la République que les écoles indigènes ont vu leur épanouissement.