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NÉCROLOGIE

sa commune un groupe scolaire, organisé une société philotechnique, une bibliothèque populaire, des conférences, etc. Il y a rendu des services si appréciés que son nom a été donné de son vivant à une des nouvelles rues de la commune.

Il a ainsi donné, dans ses fonctions officielles et dans sa vie publique, l’exemple d’un bon citoyen, dévoué à son pays et à la cause éminemment patriotique de l’enseignement populaire.


INAUGURATION DU MONUMENT ÉLEVÉ À Mlle NANCY FLEURY PAR SES ÉLÈVES ET SES AMIS

Dimanche 28 février une simple et touchante cérémonie réunissait au cimetière Montparnasse les amis de Mlle Nancy Fleury et ses anciennes élèves, pour l’inauguration du modeste monument qu’ils ont voulu consacrer au souvenir de cette femme d’élite[1]. La signification de cet hommage public rendu à une mémoire aimée et respectée a été exprimée, au nom des amis présents et absents, par M. Jules Steeg, inspecteur général de l’instruction publique, en quelques paroles que nous reproduisons ci-après :

«  D’autres voix que la mienne auraient dû se faire entendre ici. On m’a demandé de dire quelques mots pour l’inauguration de ce monument de regrets et de souvenirs. Je ne serai qu’un faible écho des amis qui se sont associés pour rendre à Mlle Nancy Fleury ce témoignage, pour ériger cette pierre sur sa tombe.

Ce monument nous parle du passé, il nous parle aussi de l’avenir.

Le passé ! mais c’est toute l’histoire de cette seconde moitié du siècle, l’histoire d’espérances déçues, de douleurs héroïquement supportées, de tragédies nationales, de relèvement par le travail et la liberté.

Je me reporte d’abord à ces années d’enfance, dans ces verdoyantes campagnes de l’Indre, illustrées par la plume magique d’une femme : le père était populaire, représentait ses concitoyens ; la vie privée et la vie publique s’ouvraient sous les plus heureux auspices : c’était le bonheur familial, et c’était l’espérance républicaine. Puis les mauvais jours sont venus, la trahison, le crime, l’égorgement de la République, l’exil, la misère.

  1. Voir la Revue pédagogique du 15 mai 1890.