Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée
119
L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

l’esprit ouvert et qu’ils obéissent à une direction très intelligente et très patriotique. Ils n’essaient pas de faire de la propagande religieuse. Tout au plus aiment-ils à toucher quelques mots à leurs élèves de Sidna Aïssa (Notre Seigneur Jésus) ; mais Mohammed lui-même, dans son Koran, n’a-t-il pas glorifié en maint endroit « le fils de Marie », qu’il considérait comme le plus grand des prophètes envoyés par Dieu avant sa propre mission ?

Dans la commune mixte de Fort-National, la seule où existe l’obligation scolaire et encore avec toute sorte de ménagements et de réserves, quand les autorités du pays dressent la liste des enfants qui seront tenus de fréquenter notre école de Taourirt-Mimoun chez les Beni-Yenni, elles demandent aux Pères Blancs communication de leur liste d’élèves : tous ceux qu’ils déclarent leur appartenir sont rayés de notre liste d’obligation.

Plusieurs des adjoints ou moniteurs indigènes de nos écoles sont sortis des écoles congréganistes. Ils n’en sont pas moins bien traités par l’administration universitaire.

Quand un inspecteur de l’Université entre dans une maison des Pères ou des Sœurs, il y est reçu très cordialement : d’abord, dans leur solitude, ils sont heureux de recevoir des compatriotes, fussent— ils des inspecteurs ; et même ce dernier titre ne nuit en rien à l’amabilité de la réception.

De toutes ces maisons, la plus curieuse est l’école de filles des Beni-Ouadhia ; celle où l’on fait les meilleures études est l’école de garçons d’Iril-Ali chez les Beni-Abbès.

La première est une très modeste maison renfermant deux salles de classe, dirigées par deux religieuses. Je n’y ai pas trouvé plus d’une vingtaine d’enfants : des grandes, des petites, de très petites, toutes d’aspect très pauvre, car les Beni Ouadhia, qui recrutent si volontiers nos tirailleurs, comptent parmi les tribus les moins riches. Beaucoup de ces fillettes avaient sur le dos ou sur les genoux quelque frère ou sœur encore plus petits. Elles le gardent et les sœurs les gardent. Encore les parents se font-ils tirer l’oreille pour se débarrasser de cette marmaille, et il faut leur faire de petits cadeaux. Vous trouvez là, comme matériel scolaire, des cahiers, des écriteaux, mais peu de livres. Les études ne doivent pas être poussées bien loin. C’est surtout une garderie.

L’école de garçons d’Iril-Ali est une des meilleures de l’Algé-