Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1890.djvu/485

Cette page n’a pas encore été corrigée
475
CHRONIQUE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN FRANCE

Au groupe de la rue du Département, M. le préfet a terminé son allocution par ces paroles :

« Je suis très touché, et j’en remercie particulièrement la population féminine de cet arrondissement, de voir avec quel empressement elle s’est rendue à cette inauguration. Je la remercie également du concours qu’elle nous prête dans notre œuvre : l’éducation est avant tout une œuvre de femme. C’est la mère de famille qui est chargée de faire pénétrer dans ces jeunes cerveaux la lumière, l’amour des sentiments nobles, des sentiments de reconnaissance envers la famille et envers le pays. C’est à vous, mesdames, que nous faisons appel, à vous qui mettez votre religion dans la préparation plus élevée des intelligences, dans le développement plus large des cœurs et des affections, c’est sur vous que nous comptons pour vous seconder. Vous êtes nos auxiliaires naturels dans cette œuvre d’avenir que nous avons entreprise, et en m’asseyant, je salue tout particulièrement les dames de Montmartre. »

Musée industriel de Saint-Étienne. — La ville de Saint-Étienne vient d’ouvrir un musée municipal d’art et d’industrie, qui a été inauguré le 4 mai par M. Larroumet, directeur des beaux-arts. Les premières collections remontent à l’année 1833 ; elles avaient été formées par M. Eyssantier, et furent achetées par la ville. Dispersées dans plusieurs locaux, les collections d’art, d’armes, médailles, faïences, meubles, etc., furent réunies dans le Palais des Arts, achevé en 1862. L’année dernière, M. Marius Vachon, au retour de sa mission d’étude des musées industriels d’Europe, proposa au conseil municipal la transformation du Palais des Arts en un grand musée d’art et d’industrie, spécialement constitué en vue de développer le commerce et l’industrie de la ville de Saint-Étienne et de la région, et de fournir aux ouvriers de toutes les corporations les moyens de perfectionner leur instruction professionnelle. Le projet a été adopté par le conseil municipal, qui a voté pour cet objet un crédit annuel de 20,000 fr., plus une subvention extraordinaire de 10,000 fr. pour augmenter considérablement les achats de la première année. Au crédit voté par la ville, il faut joindre les subventions annuelles du Conseil général, de la chambre de commerce, des chambres syndicales, du gouvernement, etc. Le budget du musée sera régulièrement de 35,000 fr., dont une moitié sera réservée au personnel et à l’entretien, l’autre moitié aux acquisitions nouvelles. Le musée comprend des galeries d’armurerie (on sait la place qu’occupent à Saint-Étienne les fabriques d’armes), de rubanerie (principale industrie stéphanoise), d’orfèvrerie, de soieries lyonnaises et orientales, de céramique et d’ameublement, une galerie de tableaux, principalement de l’école française, et un musée d’histoire naturelle, plus une bibliothèque d’art et d’industrie, spécialement organisée pour les artistes et les industriels de la ville et de la région. La bibliothè-