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REVUE PÉDAGOGIQUE

n’aurait pu accomplir la tâche immense qu’il a, ici, menée à bonne fin avec autant de persévérance que de patriotisme dans l’intérêt de tous les peuples qui sauront s’en inspirer.

Les États-Unis de l’Amérique du Nord nous ont aussi envoyé dès 1870 des professeurs et surtout des institutrices qui nous ont apporté les excellentes méthodes et les procédés pratiques d’enseignement intuitif usités dans ce pays. Il n’y a guère d’école normale argentine à la tête de laquelle on ne trouve une maîtresse de l’Amérique du Nord, et il y en a encore moins qui ne possèdent l’excellent matériel scolaire des États-Unis, en y comprenant, par exemple, le pupitre à une seule place, qui est de règle dans ce pays-là et qui commence à l’être chez nous.

Qu’on n’aille pas croire pour cela que tous nos progrès proviennent exclusivement de France et des États-Unis. Une contrée essentiellement cosmopolite comme la République Argentine doit forcément subir l’influence, bonne ou mauvaise, de tous ceux qui contribuent à la former. En matière d’éducation, c’est heureusement la première qui l’emporte, car les hommes distingués venus du dehors, auxquels nous devons plus particulièrement nos progrès, ont été en général des réformateurs qui se sont trouvés repoussés de leur pays au moment où ils s’y faisaient les apôtres des idées nouvelles.

La République Argentine, comme tant d’autres républiques de l’Amérique latine, a tiré un immense avantage de cette circonstance spéciale, grâce à laquelle les proscrits de la monarchie et de l’Église, en Europe, ont été chez elle les propagateurs les plus fervents de l’idée démocratique et libérale. L’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, la Suisse, l’Italie, l’Espagne elle-même, nous ont fourni, en matière scolaire, un contingent des plus précieux, et continuent à le fournir encore. Peyret, qui est Français, Torres, qui est Espagnol, et Fitz-Simon, qui est Anglais, sont des exemples vivants de ce que je dis.

Mais, je persiste à le dire, c’est à la France et aux États-Unis que nous devons, non seulement nos institutions politiques et sociales, mais encore la part la plus importante de nos progrès scolaires, comme le prouve encore ce fait que les noms des pédagogues les plus distingués de ces deux pays sont aussi connus chez nous que dans leur propre patrie.