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L’INSTRUCTION PUBLIQUE DANS LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE

sans aucun doute, une nouvelle ère dans l’évolution sociale du peuple argentin, et servira d’exemple et de stimulant aux autres pays latino-américains.

Tel est l’inventaire succinct de la richesse pédagogique du peuple argentin, richesse dont nous sommes particulièrement redevables à deux grands peuples, la France et l’Amérique du Nord ; car ce sont eux qui nous ont fourni des professeurs, des méthodes et des procédés d’enseignement, des types de mobilier et de matériel scolaires et, ce qui vaut mieux encore, leur esprit et leur enthousiasme pour la noble cause de l’éducation populaire, source féconde du bien-être public et privé.

Les premiers introducteurs des idées prédominantes dans ces deux pays, au commencement et au milieu de ce siècle, ont été, je l’ai dit, nos deux plus illustres hommes d’État : Bernardino Rivadavia, disciple des Français de la Révolution, qui commença en 1820 l’implantation de ses réformes, — et Domingo F. Sarmiento, disciple d’Horace Mann, qui se mit à l’œuvre en 1870, c’est-à-dire un demi-siècle après qu’on avait fait dans la République Argentine le premier pas décisif en faveur de l’éducation du peuple.

Dans le grand nombre d’étrangers qui sont venus chez nous mettre en pratique ces idées, nous trouvons en première ligne des Français, entre autres Larroque, directeur et fondateur en quelque sorte du collège national qui a joui jusqu’à ces derniers temps d’une réputation méritée, le collège qui existe encore à Concepcion de l’Uruguay, dans la province d’Entre-Rios ; — Alexis Peyret, collègue de Larroque et professeur aussi distingué qu’écrivain éminent ; — le philosophe Jacques, collègue de M. Jules Simon et de Saisset, réformateur du Collège national de Buenos-Aires, auteur des premiers plans et programmes d’études mis en vigueur dans ces établissements, et père d’une éducatrice distinguée, Mlle Jacques, qui est elle-même directrice de l’école normale. d’institutrices de Santiago del Estero. Pour le dire en passant, Jacques avait offert, vers 1862, à un des premiers éducateurs de France, celui qui devait être un jour le directeur général de l’enseignement primaire, à M. F. Buisson, un emploi de professeur dans un collège de la République Argentine ; la proposition ne fut pas acceptée, et ce fut un bonheur, car là-bas l’éminent administrateur