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LA PRESSE ET LES LIVRES

tions, nous nous passons bien volontiers ; on en a quelque peu abusé, ce semble, et les élèves de l’enseignement secondaire spécial sont d’âge à être traités plus sérieusement que les enfants des écoles élémentaires. Quant à l’absence de toute carte, nous n’en prenons pas aussi facilement notre parti. C’est volontairement que M. Dubois s’est abstenu, et il nous en avertit dans une de ces introductions qui sont un des charmes de son ouvrage. « Les cartes », dit-il, « qu’on intercale dans les livres de géographie ne sauraient tenir lieu d’atlas, et ie meilleur atlas serait insuffisant sans le secours du maître ». Sans doute, dirons-nous à notre tour, un bon atlas est indispensable à l’élève, et ce qui vaut mieux encore qu’un bon atlas, c’est la carte que l’élève voit naître et vivre au tableau noir sous la main d’un professeur habile. Mais si les atlas nous en disent quelquefois trop, il leur arrive aussi de n’en pas dire assez et un professeur, pour si habile qu’il soit, ne serait pas fâché de trouver dans le livre qu’il étudie certains renseignements qu’il ne trouve pas dans ses atlas. Non, il ne faut pas que les livres de géographie destinés à des élèves déjà avancés se substituent à l’atlas ; mais il est bien utile qu’ils le complètent par endroits. M. Marcel Dubois a consacré quelques-unes de ses meilleures pages aux colonies. Eh bien ! croit-il que nos écoliers trouveront dans leur atlas tous les renseignements géographiques si intéressants qu’il a donnés dans son livre ? Et, à défaut de cartes, pense-t-il que quelques croquis sommaires n’auraient pas rendu service aux élèves, voire aux professeurs. Où trouver, par exemple, des atlas qui nous renseignent exactement sur cette géographie qui se fait tous les jours, sur nos possessions du Gabon et du Congo, sur la route suivie par Stanley, par les capitaines Binger ou Trivier, sur le littoral de l’Afrique orientale que se partagent ou se disputent Anglais, Allemands et Portugais ? Pour les cartes générales des pays connus, l’atlas est là pour répondre à qui l’interroge ; mais pour cette partie de la géographie qui est dans un perpétuel devenir, pour toutes les choses contemporaines et variables, quelques cartons insérés dans un livre feraient bien notre affaire. On tient difficilement un atlas à jour : les livres comme ceux de M. Marcel Dubois sont destinés à s’épuiser rapidement, et les éditions qui se succéderort rapidement nous tiendraient au courant des changements qui surviennent et se succèdent, eux aussi, avec tant de rapidité.

Les Annales du Terrassonnais, histoire géographique et statistique des dix-sept communes du canton de Terrasson, par Victor Grand, instituteur ; in-8° de 236 pages, Terrasson, Charles Lacoste. Voici un joli volume, d’une impression élégante, orné d’intéressantes illustrations, qui se présente à nous avec cette épigraphe où le patriotisme local s’exprime de façon quelque peu hyperbolique :

Si Terrassonnoys ie n’estoys,
Terrassonnoys ie vouldroys estre.