et de la Cour de cassation, et il n’hésita pas à y prendre place parmi ces jurisconsultes non moins épris du devoir civique que du devoir professionnel, qui prêtèrent un si précieux concours aux citoyens dans les luttes qu’ils soutenaient pour la légalité.
» Avec Herold, avec Reverchon, avec Tenaille-Saligny, — je ne parle que de ceux qui l’ont précédé dans la tombe, — il guidait de ses conseils, il fortifiait de ses écrits et de sa parole les résistances du droit contre les abus du pouvoir. Aussi avait-il déjà acquis une juste notoriété parmi ceux qui avaient aidé au réveil des idées libérales, lorsque disparut le régime auquel il n’avait jamais voulu se rallier…
» Nommé conseiller d’État après la loi de la réorganisation de 1879, il fut presque aussitôt chargé de présider la section de l’intérieur.
» La multiplicité des affaires, la gravité des questions que beaucoup d’entre elles soulevaient à cette époque, ne le prirent pas un instant au dépourvu. Les difficultés de la tâche ne firent que stimuler sa vive intelligence, mettre en lumière l’étendue de son savoir, les ressources de son esprit, la solidité de son jugement.
» Grâce à lui, on peut le dire, de longues et délicates controverses, non seulement de droit administratif, mais encore de droit public et concordataire, reçurent des solutions qu’on peut considérer comme définitives. Grâce à lui, la nouvelle législation municipale fut commentée et éclaircie par une série de décisions et d’avis qui en sont devenus le complément nécessaire ; grâce à lui, la législation de l’enseignement, si complexe, si nouvelle dans ces dernières et puissantes conceptions, fut mise en œuvre au moyen de nombreux et minutieux règlements préparés par la section de l’intérieur, et vous savez quelle part M. le président Collet a personnellement prise à cette longue élaboration qu’il laisse malheureusement inachevée. »
Dans le silence du lieu où nous avons accompagné M. Collet, il nous était interdit de marquer notre assentiment à ces paroles ; c’est pour nous une douloureuse satisfaction de dire aujourd’hui que l’expression la plus intime de notre deuil est là.