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ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SICILIANI


L’Italie est fidèle au souvenir de ses morts. Dans une fête touchante de commémoration, elle a célébré, il y a quelques semaines, l’anniversaire d’un de ses plus éminents pédagogues, Pierre Siciliani, mort il y a un an, le 28 décembre 1885, trop tôt pour la science, trop tôt pour sa famille et pour son pays. « La mémoire vénérée de Siciliani, dit un journal italien que nous avons sous les yeux, ne pouvait être honorée avec plus d’éclat, avec plus de solennité, avec plus d’expansion affectueuse. » La petite ville de Galatone, où il était né le 19 septembre 1832, a présenté pendant toute une journée un aspect imposant : les magasins fermés pour cause de deuil public, disaient les affiches : la foule silencieuse et recueillie dans les rues, aux fenêtres, sur les terrasses ; un long cortège, où figuraient, avec toutes les sociétés locales, un grand nombre de députations venues du dehors ; des discours éloquents, pieux hommage rendu au philosophe, à l’éducateur, au patriote ; enfin la pose, sur la maison où est né Siciliani, d’une épigraphe, simple et brève, rédigée par son illustre ami, Giosuè Carducci : telle a été cette cérémonie qui témoigne de la grande popularité dont jouissait en Italie le nom de Siciliani, et dont la mort n’a pas interrompu le cours. D’autres villes, Venise par exemple, se sont associées à cette commémoration nationale ; l’Athénée vénitien a tenu en l’honneur de Siciliani une séance extraordinaire le 30 décembre, et un de ses membres, Paul Fambri, a éloquemment exposé son rôle philosophique et pédagogique. Tous ceux qui en France appréciaient et aimaient Siciliani s’intéresseront à ces témoignages publics d’affection, bien propres à adoucir, tout en les ranimant, les inconsolables regrets de sa noble veuve et de son jeune fils, et ceux même qui ne le connaissaient pas seront touchés d’apprendre comment on est honoré en Italie pour avoir servi la cause de l’éducation et de la liberté. G. C.