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en avoir tâté quelque peu. Sur tout le reste, ses idées sont assez flottantes, ses conseils vagues, son horizon borné. Mais c’est beaucoup d’avoir affirmé de tant de façons, dans une forme singulièrement originale et vivante, que le but de l’éducation est de faire des hommes et qu’il n’est point de tâche plus haute et plus difficile ; c’est beaucoup d’avoir voulu humaniser la science, qui faisait fuir les honnêtes gens avec son visage renfrogné, et d’avoir écrit, en ce temps de prisons et de férules : « Quand je pourrais me faire craindre, j’aimerais mieux encore me faire aimer ».

M. Réaume a su, après tant d’autres, mettre en lumière ce qui fait le charme de ces deux génies si divers, et l’autorité de ces œuvres dignes d’être offertes « à la méditation de tous ceux qui aspirent à l’honneur d’enseigner les jeunes générations ». Elèves et maîtres le liront avec plaisir et avec profit.G. M.

La peur. Étude psycho-physiologique, traduit de l’italien de A. Mosso par M. Félix Hément ; Paris, Félix Alcan, 1886. — Cet ouvrage, dit le traducteur dans un avant-propos, est une œuvre de vulgarisation sérieuse, où l’auteur s’est donné pour tâche d’exposer certains points de physiologie dans la mesure et dans la forme qui conviennent au grand nombre. « Dans un travail sur la peur, un chapitre sur l’éducation devait trouver naturellement sa place. Des parents peu éclairés et inconscients du mal qu’ils font n’emploient-ils pas la peur comme un auxiliaire pour obtenir de leurs enfants l’obéissance ! Or, c’est là une détestable pratique qui, outre les dangers sérieux qu’elle présente, a pour résultat de rendre l’enfant pusillanime, taciturne, craintif et poltron. La peur est une maladie qu’il faut guérir au lieu de l’entretenir en la faisant servir de procédé d’éducation. Loin de former l’enfant, on le déforme en employant de tels moyens. Pour corriger l’enfant de la poltronnerie, M. le professeur Mosso conseille de suivre les préceptes de Descartes, c’est-à-dire de lui faire comprendre que ses craintes sont chimériques, qu’il a pas de péril à redouter, qu’il y a quelque chose d’humiliant à avoir peur et à prendre la fuite, tandis qu’on éprouve une satisfaction très vive à se montrer courageux. »

Le chapitre consacré par M. Mosso à la transmission héréditaire et à l’éducation est le dernier du volume. Les autres chapitres traitent des phénomènes physiologiques caractéristiques de la peur, des maladies produites par la peur, etc., et offrent d’intéressantes observations, exposées dans un style clair et agréable.X.

[Une vieille méthode de lecture : le Quadrille des enfants de l’abbé Berthaud]

Une vieille méthode de lecture. — M. Poirson, inspecteur primaire à Belley, vient de découvrir et d’adresser au Musée Pédagogique la dixième édition, publiée à Genève en 1798, de la Méthode de lecture de l’abbé Berthaud, connue sous le nom de Quadrille des enfants, laquelle date de 1743 et jouit d’une grande vogue jusqu’à la fin du