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encourage à l’aborder en leur désignant souvent contre toute attente, dans la bibliothèque voisine, un moyen de l’élucider. Tous ceux qui ont entrepris le moindre travail d’histoire, en province surtout, apprécieront ce service : combien de fois ne se sont-ils pas arrêtés devant la difficulté de trouver le document : il existe, on le sait ; mais au fond de quelle bibliothèque le hasard a-t-il pu le faire échouer ? S’agit-il de livres d’école, cette difficulté devient une impossibilité : alphabets, livrets de classe, tabellœ elementariæ, grammaires et rudiments, tous ces ouvrages faits pour l’enfance et que l’enfance a toujours excellé à détruire, sont aujourd’hui au rang des raretés bibliographiques, qui s’achètent à grand prix. Il faut donc venir en aide aux chercheurs si l’on veut voir se multiplier les monographies et plus tard paraître un travail d’ensemble sur nos origines scolaires.

En attendant les publications qu’il fera naître, nous l’espérons, ce Répertoire, tout aride qu’il est, apporte déjà une démonstration dont plus d’un lecteur sera surpris. Il fait revivre une page glorieuse et trop oubliée de notre passé national.

Beaucoup de personnes, même instruites, ne savent pas bien ce qu’a été, dès les premières heures de la Renaissance dans dans notre pays, le mouvement scolaire, contre-coup immédiat du mouvement littéraire. Il ne faudra pas moins que cette longue nomenclature, qui est pourtant loin d’être complète, pour les amener à voir qu’il y a eu, dans la première moitié du xvie siècle, toute une littérature à l’intention de la jeunesse et à l’adresse des écoles naissantes. Nos humanistes n’ont pas été des délicats, égoïstes et dédaigneux ; ils n’avaient pas retrouvé pour eux seuls l’antiquité, ni pour eux seuls rouvert les sources du beau. Leur premier mouvement, au contraire, est d’appeler à la lumière les jeunes générations. Chacun d’eux, tour à tour, tout ensemble, est étudiant et professeur, également ardent, également enthousiaste dans l’un et dans l’autre rôle. Tous brûlent d’apprendre, et tous d’enseigner. La renaissance des lettres est, du même coup, celle des écoles. Il n’y a pas dans l’histoire de plus beau spectacle ; jamais l’esprit humain ne mit plus de candeur et n’éprouva plus de joie à faire la découverte de son bon droit, à se sentir capable de connaître le vrai, d’admirer le beau, de vouloir le bien ; jamais il ne crut plus facile, plus simple, plus