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REVUE PÉDAGOGIQUE

à Raudnitz, a adopté les conclusions suivantes, que nous trouvons dans la Pädagogische Zeitung :

1. On ne peut, de l’avis de presque tous les pédagogues pratiques, supprimer ni dans la maison ni dans l’école les châtiments corporels, bien que certains s’efforcent de les discréditer comme des moyens surannés et grossiers.

2. La loi civile les permet et la loi divine les commande.

3. S’opposer à l’application des châtiments corporels dans les écoles primaires, c’est se mettre en opposition avec l’expérience des pédagogues et les commandements de la Sainte-Écriture.

4. Le châtiment corporel ne doit être employé qu’en dernier lieu.

5. Lorsqu’il doit punir une infraction à la discipline, il faut l’appliquer immédiatement.

6. Lorsqu’il punit des fautes commises en dehors de l’école, le maître doit l’appliquer à la fin de la classe et en présence des élèves.

7. Les rudes châtiments corporels pour les fautes graves commises en dehors de l'école, telles que vol, dégradation, incendie, etc., ne doivent pas, dans la règle, regarder l'instituteur, ils appartiennent aux parents ou tuteurs, ou aux autorités.

8. Les châtiments corporels doivent se mesurer à l’âge, au sexe, au caractère, au degré de culture, à l’état de santé de l’enfant.

9. Le maître doit s’abstenir d’appliquer un châtiment corporel quand il se trouve dans un état de grande excitation.

10. Le maître doit montrer par sa conduite à l’enfant châtié qu’il l’aime et ne veut que son bien.

11. Il faut bannir de l’école les châtiments corporels qui pourraient mettre en danger la santé ou la vie de l’enfant.

12. Que l’instituteur se regarde comme étant au service de son Sauveur, et qu’il punisse de telle façon qu’il puisse en répondre devant sa conscience, devant le juge terrestre et surtout devant le juge céleste.

D’autre part, le Pædagogium, de Vienne, contient une courte étude du professeur F. Mœhr, de Trieste, qui condamne et flétrit en termes aussi simples qu’énergiques le recours au châtiment corporel. « Jamais, dit-il, dans une pratique de dix-huit années, il ne m’est arrivé de porter la main sur un de mes élèves, et loin d’y perdre, la discipline y a gagné dans mes classes. Je croirais me déshonorer moi-même, manquer à mon état, à ma vocation, si je recourais à une mesure de violence. Ce ne sont pas les moyens d’action qui nous manquent. Les enfants sont sensibles à l’honneur ; ne peut-on pas les prendre par là ? Une parole de réprimande et de honte, comme ua éloge, une distinction, un encouragement, ne produisent-ils pas grand effet sur ces natures impressionnables ? Et s’il en est chez qui ces sentiments sommeillent, n’est-ce pas la tâche de l’instituteur de les éveiller ? »