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LA PRESSE ET LES LIVRES

Philosophe, historien, économiste, le vulgarisateur de la science juridique doit être tout cela, sous peine de ne fournir qu’une nomenclature de textes sans intérêt, et de laisser inaperçues ou incomprises les idées qui ont dicté les textes.

Un éminent juriste, M. le professeur Émile Acollas, vient de se dévouer à cette tâche difficile, et parmi ceux qui pouvaient avoir les qualités requises pour la mener à bien il est certainement au nombre des premiers.

M. Émile Acollas est en effet un des hommes qui ont étudié le droit le plus sûrement et à tous ses points de vue.

Le droit technique n’est pas pour lui chose arbitraire, mais bien l’application de principes certains en dehors desquels le législateur n’agit plus en homme raisonnable, soucieux du droit individuel et social, mais seulement en fantaisiste décidant au gré des caprices du moment. Pour mettre en lumière ces principes, il a dû naturellement avoir recours à la méthode historique et philosophique.

La division de l’ouvrage est aussi excellente ; toutes les matières qui relèvent du droit général sont divisées en une série de petits volumes d’une centaine de pages au plus, d’une clarté lumineuse, d’une simplicité accessible à tous, et reliés les uns aux autres par les « Idées générales » résumées en quelques pages en tête de chacun d’eux.

« La liberté dans la solidarité », « l’individu libre dans l’association libre » : telle est la formule générale d’où se déduit l’œuvre entière de l’éminent professeur. Il prend soin, sous une forme variée et appropriée au sujet, en tête de chacun de ses petits volumes, de rappeler cette formule, de l’éclairer d’explications toujours plus démonstratives, et la critique du droit technique actuel se fait alors comme d’elle-même, presque sans le moindre effort d’esprit. Les conclusions sont si fermement, si facilement dégagées des principes posés, qu’on éprouve à cette lecture une véritable séduction. Nous voudrions voir cet ouvrage dans les mains de tous, et cela non pas à cause seulement de l’esprit philosophique et libéral qui l’anime, mais aussi parce qu’il est appelé à rendre d’utiles et précieux services à l’occasion de tous les actes de la vie civile. Nous n’irons pas jusqu’à prétendre qu’une lecture assidûment attentive du « Droit mis à la portée de tout le monde » puisse soustraire les citoyens, le cas échéant, à la nécessité du concours des gens de loi ; mais il est certain qu’en vulgarisant d’une façon simple et accessible à tous les esprits les règles actuelles du droit technique, M. É. Acollas fournit les moyens d’éviter des conseils toujours coûteux pour les affaires les plus simples, et d’éviter aussi les irrégularités juridiques d’où naissent souvent tant de procès.

Le Droit mis à la porté de tout le monde comprendra une série de douze petits volumes dont quatre ont déjà paru. Ce sont : « Les Successions, les Contrats, la Propriété, les Servitudes. »