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NÉCROLOGIE

plus ou moins attentif. Il excitait ses élèves à travailler sous sa direction, à résoudre dans des devoirs écrits les problèmes de l’éducation. « Les leçons ex cathedra, disait-il, sont comme des nuages. » Aussi, pour arriver à des résultats pratiques, il multipliait autour de sa chaire les conférences, les exercices scolaires, les travaux personnels. Nous ne nous étonnons pas qu’en lui rendant les derniers devoirs sur sa tombe, un de ses collègues, l’illustre Giosuè Carducci, ait pu dire : « Ils venaient, maîtres et maîtresses, de toutes les Romagnes et de la province de Ferrare, du fond de la Polésine, des collines de Vérone, des plaines de Mantoue ; de trente, de quarante, de soixante milles au loin ; par les matinées glaciales de janvier, sous le soleil de juin ; ils venaient pour l’entendre, pour travailler sous lui et avec lui. »

On ne saurait trop déplorer que des leçons aussi efficaces et qui excitaient un tel enthousiasme aient été si prématurément interrompues. Avec Siciliani s’est éteinte une des forces les plus agissantes de la pensée italienne contemporaine. Du moins il aura légué à son pays, avec le souvenir de sa noble vie, des exemples qui fructifieront, des livres qui conserveront le dépôt de ses idées ; et le mouvement pédagogique, dont il a été un des principaux initiateurs, ne s’arrêtera pas, grâce aux disciples ou aux émules que la passion contagieuse dont il était animé avait réussi à grouper autour de lui.