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REVUE PÉDAGOGIQUE

compte, avec éloges, de sa Psychogénie moderne. Nous aussi, nous avons signalé aux lecteurs de la Revue philosophique quelques-uns de ses écrits pédagogiques, qu’il multipliait avec une prodigieuse fécondité.

Les études médicales, par une évolution naturelle, avaient conduit Siciliani aux études philosophiques, et de la philosophie elle-même il était passé à la pédagogie qui en est, par certains côtés, la conclusion pratique et le couronnement. Il était préoccupé à la fois, théoriquement, de donner à l’art de l’éducation un support scientifique, et, pratiquement, de répandre le plus possible les notions de la pédagogie. Il y travaillait par ses cours, par ses conférences dans les grandes cités italiennes, par ses livres : notamment l’Histoire critique des théories de l’éducation, la Révolution et la pédagogie moderne, la Pédagogie scientifique en Italie, etc., etc.

Par quelques-unes de ses doctrines et par les tendances générales de son esprit, Siciliani appartenait à l’école positiviste. Il professait un vif enthousiasme pour la psychologie expérimentale de l’Angleterre contemporaine ; mais c’était un positiviste indépendant. mettait au premier rang, dans son credo philosophique, la notion de ce qu’il appelait « la sainte personnalité humaine ». Il n’était pas, tant s’en faut, un fataliste. Il admettait un concept positif de la liberté. La question du libre arbitre était, à ses yeux, « la question de vie ou de mort de le pédagogie », et il y répondait par l’affirmative. Il voulait l’école laïque, mais non pas pour cela irréligieuse. « Fondée sur les principes de la science, elle sera, disait-il, une école naturellement et rationnellement religieuse. » Comme la plupart de ses compatriotes, il avait le souci de l’idéal, et conviait aux plus : nobles aspirations la « démocratie individualiste », dont il arborait le drapeau.

Ce qu’on ne pouvait trop louer chez Siciliani, c’était son zèle communicatif, l’ardeur et la générosité de ses idées, l’extraordinaire vivacité de son caractère. Ce n’est pas lui qui risquait d’être jamais atteint de cette maladie dont Tocqueville disait : « La plus grande maladie de l’âme, c’est le froid. » Il traitait de la science de l’éducation, non seulement en érudit, en chercheur infatigable, mais aussi en apôtre enthousiaste. Il appelait la pédagogie la première des sciences, « la science par excellence du siècle ». Il faisait paraître volume sur volume, poursuivant toujours la même idée, l’établissement d’une pédagogie scientifique. Il s’exposait hardiment aux coups des représentants de l’orthodoxie. Il luttait contre le fanatisme des uns, contre l’indifférence des autres, homme de combat avant tout, qu’aucune considération n’arrêtait quand il s’agissait de dire la vérité telle qu’il la voyait et qu’il la sentait.

Louons-le aussi pour la façon tout à fait pratique dont il avait organisé l’enseignement de la pédagogie. À son cours de l’Université de Bologne, il ne se contentait pas de parler devant un auditoire