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ÉDUCATION DE LA MÉMOIRE

retient imperturbablement une série de chiffres et de calculs, sera incapable de se rappeler les lieux, les formes des objets, les figures des personnes. C’est l’habitude, c’est l’exercice fréquent et répété, qui plus que la nature contribue à développer ces dispositions diverses. Chaque profession, chaque métier tend à favoriser l’une ou l’autre. À l’école, le rôle du pédagogue doit être de combattre ces spécialisations de la mémoire, de ne pas souffrir qu’elle se dévoue exclusivement à l’acquisition d’un seul ordre de connaissance.

La mémoire, en résumé, doit être développée dans tous les sens au profit des idées abstraites comme au profit des images et des notions sensibles. Elle doit être une puissance d’acquisition souple et générale, qui se prête à tous les travaux de la pensée, à toutes les occupations de la vie. Si elle n’est que la gardienne d’une catégorie privilégiée de souvenirs, elle rendra encore des services, mais des services restreints et particuliers. Elle ne sera plus la faculté universelle qu’il lui convient d’être, la servante de l’intelligence, servante d’ailleurs dont on ne peut se passer.