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REVUE PÉDAGOGIQUE

avoir le plaisir de les corriger et de triompher. Ne nous forcez pas à prendre le parti de votre victime contre vous.

Surveillez votre ton, quoique l’élève ne soit pas là. Soyez sévère, et ne passez rien ; j’y consens : mais ne soyez dans la forme ni dur, ni amer, ni blessant. Qu’il ne vienne pas à la pensée d’un de vos juges de se dire : « Ah ! je ne voudrais pas être son élève ! »

Sachez entrer dans les raisons de celui que vous corrigez, même quand elles ne vous paraissent pas justes, et montrez que vous les comprenez. Sachez deviner ses bonnes intentions, même quand il ne les a pas menées à bien, et faites-les valoir. Sachez louer enfin, dès que l’occasion s’en présente. Louer, quand on est invité à critiquer, n’est pas du premier venu. La louange est d’ailleurs si puissante sur les jeunes esprits. C’est un cordial généreux ; n’en abusez pas sans doute ; car alors il tourne les têtes, il grise ; mais usez-en : il réconforte, anime, réchauffe, rend l’effort facile, double la vigueur et l’élan.

Surtout inspirez-vous de la copie qui vous aura été remise. Plus j’avance en ce sujet, plus je m’aperçois que les conseils, si précis qu’on les veuille faire, laissent toujours place à un vague redoutable ; il s’agit de savoir s’en servir, de discerner quand il faut appliquer chacun d’eux et dans quelle mesure. Correction de devoir, affaire moins encore de science que de tact : c’est là ce qui fait la difficulté de l’épreuve et aussi son importance.