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REVUE PÉDAGOGIQUE

blement amusants de la façon dont les mots de notre langue passent dans la leur et usurpent la place des enfants de la maison, il cherche le remède ; il fait appel à la sévérité et au patriotisme des écoles normales, il enjoint aux professeurs, comme un devoir de haute moralité, de s’astreindre à ne laisser s’introduire dans leur enseignement aucun mot suspect, et il les adjure solennellement de faire passer dans l’âme des instituteurs le sentiment de leur grave responsabilité en cette matière. Il termine son rapport par une ardente péroraison dont les derniers mots : Deutschland, Deutschland, über Alles ! (L’Allemagne, l’Allemagne au-dessus de tout) soulèvent Les bravos enthousiastes et unanimes de l’assistance.

La troisième question soumise aux délibérations du Congrès : « Le secours que l’école normale doit prêter au jeune instituteur pour son perfectionnement individuel lorsqu’il est mis en possession de ses fonctions, » a pu donner lieu à d’intéressants débats : mais le compte-rendu n’en a ps encore paru dans la revue à laquelle nous empruntons ce résumé.

Les institutrices allemandes à l’étranger. — Les Rheinische Blätter publient sur ce sujet un article destiné à dissiper les illusions des institutrices allemandes qui prennent volontiers la terre étrangère pour un Eldorado. Dès qu’une jeune fille a obtenu un diplôme, elle cherche une place avantageuse. Mais comment vaincre la concurrence ? Il y a « plus institutrices en Allemagne que de sable au bord de la mer ». Un chemin s’offre, tout à la fois pour trouver un emploi, pour achever son éducation et pour acquérir des connaissances qui donnent un certain degré de supériorité : c’est d’aller à l’étranger.

L’Europe occidentale ne leur suffit plus ; elles vont en Russie, en Roumanie, en Orient, aux Indes, en Amérique. L’auteur met les parents en garde contre les agences de renseignement qui, surtout celles de l’Amérique, ne sont, hélas ! le plus souvent que des agences de perdition. Telle famille, dit-il, qui, dans la patrie, est pleine de sollicitude pour la jeune fille, ne la laisse pas sortir seule dès que le jour baisse, la jette sans hésitation, sur la foi de correspondants inconnus, dans tous les hasards et les périls d’un exil lointain. La Russie, la Hongrie, la Roumanie, la Bessarabie, sont fertiles en exemples aussi lamentables que ceux dont l’Amérique abonde.

À côté des institutrices aventureuses qui vont courir les risques de voyages lointains, se trouve une seconde catégorie : celle des jeunes filles qui ont la prétention d’aller achever leur éducation en France, dans la Suisse française, en Belgique, en Angleterre, et qui partent avec les mêmes illusions et le même joyeux entrain que les jeunes gens qui abordent la vie si attrayante de l’université.

« On pourrait croire, dit l’auteur, que le réveil de l’esprit de re-