en graduer l’intensité sur leur importance, s’appliquer aux parties les plus saisissables, les plus pratiques : à celles qui auront le principal rôle à jouer dans l’enseignement de l’école primaire. Bref, il ne faut jamais perdre de vue, même en dehors des exercices pratiques qui sont la préparation particulière à la fonction de l’instituteur, que l’élève de l’école normale apprend dans le but d’enseigner.
D’autre part, ce caractère d’école professionnelle ne doit pas faire perdre de vue la nécessité d’une culture générale, d’un développement de l’esprit et de l’homme tout entier ; le maître sera d’autant plus apte à la fonction qu’il aura plus de goût pour l’étude et les choses de l’esprit, plus d’élan, plus de culture générale ; car il ne faut pas oublier que l’école primaire a justement pour objet de préparer les enfants à la vie, et non la science. Il faut que l’élève des écoles normales ait reçu des idées élevées qui lui permettent de voir les choses de haut, de dominer son enseignement, d’en être vraiment maître, et qu’il ait le désir de continuer à s’instruire, surtout dans les parties qui sont essentielles a l’enseignement primaire, encore plus que dans celles qui en sont le luxe, telles que langues vivantes, musique, dessin, etc.
Les professeurs des écoles normales, pour préparer convenablement de tels instituteurs, doivent donc être autre chose et plus que des savants de profession, des savants exclusifs, des maîtres renfermés chacun dans le cercle de.son enseignement propre ; il faut des hommes qui, tout en ayant reçu la grande culture de l’esprit, aient une forte préparation pédagogique qui leur permette de donner un enseignement simple, clair, méthodique, ne perdant jamais de vue le terme final qui est l’école primaire ; des hommes qui connaissent le peuple, et les écoles du peuple, leurs difficultés et leurs besoins : ils auront avec leurs élèves des relations personnelles de courtoisie, de bonne grâce, de confiance qui puissent servir de type à ces futurs éducateurs dans leurs rapports avec les enfants : ils ajouteront à l’habileté, à la méthode, à la souplesse d’un enseignement pratique, un solide caractère, une personnalité morale mûre, qui fasse d’eux un exemple et une sorte d’idéal aux yeux de leurs élèves.
Enfin, les livres d’enseignement ne doivent pas être les mêmes dans les écoles normales que dans les établissements d’enseignement classique ; ils doivent eux aussi s’inspirer des nécessités spéciales auxquelles répondent de tels établissements.
Le second sujet traité par le Congrès paraît tenir à cœur à nos voisins d’outre-Rhin, car il revient assez fréquemment dans leurs réunions et sous leurs plumes. C’est l’usage des mots étrangers et en particulier d’origine française dans la langue allemande. Le rapporteur parle avec amertume de cette coutume qu’il trouve détestable, et, après avoir longuement et douloureusement exposé cette « maladie » des Allemands et cité de nombreux exemples vérita-