Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1884.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Royal, parce que c’était un bijou de livre, relié en maroquin, à tranches dorées, avec les armes de M. le chevalier de Rohan[1] et la signature de M. Sainte-Beuve en tête, et vendu, en mai 1870, 64 francs, mais qu’il ne savait à qui. Nous serions très reconnaissant à son heureux possesseur s’il voulait bien nous le communiquer. »

Le possesseur inconnu de l’exemplaire de Sainte-Beuve n’a pas répondu à notre appel. Mais, il y a quelques semaines, M. le directeur du Musée pédagogique a eu la bonne fortune inespérée de mettre la main sur un Guyot de l’édition de 1668, bien authentique et muni de sa préface[2]. Le rarissime volume (un petit in-18 de LIV — 190 pages) appartient aujourd’hui à la bibliothèque du Musée, où nous nous sommes empressé d’aller le consulter.

Le dirons-nous ? La lecture de cette préface, que nous avions tant cherchée, et où nous avions cru trouver un résumé pratique de la pédagogie de Port-Royal, nous a un peu désappointé. La plus grande partie (42 pages sur 54) est consacrée à des remarques sur l’étude des auteurs latins, qui n’offrent aucun intérêt bien particulier. Cependant il y a un morceau qui mérite d’être signalé : c’est le passage où Guyot expose les principes de la célèbre méthode de lecture dite de Port-Royal. Les seuls documents contemporains à nous connus jusqu’ici où il fût question de cette méthode étaient la lettre de Jacqueline Pascal du 26 octobre 1655 (citée par {{M.|[[Auteur:Victor}} Cousin|Cousin]] dans son livre sur Jacqueline Pascal, p. 248) ; une lettre d’Arnaud à sa nièce, la mère Angélique de Saint-Jean, du 31 janvier 1656 : et enfin le chapitre VI de la Grammaire générale de Port-Royal. Guyot nous apporte, pour la première fois, un exposé assez complet et systématique de cette méthode et des raisons qui déterminèrent les maîtres de Port-Royal à l’adopter. Sainte-Beuve, comme nous l’avons dit plus haut, avait cité quelques fragments de ce morceau ;

  1. Le livre de Guyot est dédié au chevalier de Rohan, fils du duc de Montbazon.
  2. Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu’à Attique son amy particulier ; avec vne methode en forme de préface pour conduire vn escolier dans les lettres humaines. À Paris, chez la veuve de Claude Thiboust, libraire juré et ordinaire de l’Vniversité, ruë S. Iean de Latran. MDCLXVIII.