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ÉTUDE ET ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE EN FRANCE

Telle est l’idée que nous nous faisons de l’étude et de l’enseignement de la géographie. Nous croyons échapper au grave reproche qu’on lui a si souvent adressé, de vouloir empiéter sans motif sur le domaine des autres connaissances et d’aspirer à jouer « un rôle qui n’allait pas à sa taille ». Dans la fièvre du premier entraînement, on avait rêvé pour elle une mission beaucoup trop vaste, et par cela même exagérée. Les uns l’appelaient la coalition, les autres la fusion de toutes les sciences. On était allé jusqu’à prétendre qu’il fallait lui donner la direction du mouvement scientifique[1]. C’était dépasser le but et manquer de raison. Soyons plus modestes et nous serons mieux écoutés. Dans le champ limité où doit se renfermer son action, la géographie rendra d’assez grands services pour être appréciée de tous ceux qui se soucient réellement de la grandeur intellectuelle du pays. Elle ne méritera plus d’être appelée ironiquement par ses adversaires « une science encombrée et encombrante ».

J.-B. Paquier,
Professeur au Lycée Saint-Louis
et à l’École normale primaire supérieure de Saint-Cloud.
  1. Löffler, Quelques réflexions sur les études géographiques, leur but et leur situation actuelle (Copenhague, 1879).