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REVUE PÉDAGOGIQUE

est le héros, né à Québec, le 15 juin 1809, mort le 3 février 1866, est l’auteur d’une Histoire du Canada, très populaire à Québec et à Montréal, peu connue, trop peu connue en France. Nous n’en sommes plus, quand il s’agit du Canada, aux « quelques arpents de neige » dont Voltaire parlait si légèrement ; mais nous ne savons pas assez ce que sont restés pour nous ces cinq cent mille Canadiens du Bas-Canada, nos frères par le sang, qui ont gardé notre langue, qui sont, on pourrait le dire, tournés vers nous, qui se font un honneur d’être et de se dire Canadiens français. L’historien Garneau a puissamment contribué à raviver dans sa patrie ces sentiments et ces traditions. « J’ai été heureux, lui écrivait naguère Henri Martin, de trouver dans votre livre non seulement des informations très importantes, mais la tradition vivante, le sentiment toujours présent de cette France d’outre-mer, qui est toujours restée française de cœur, quoique séparée de la mère-patrie par les destinées politiques… » L’auteur du livre, M. Chauveau, ancien surintendant de l’instruction publique du Bas-Canada, est, lui aussi, un des nôtres ; nous n’en voulons pour preuve que cette demi-page de la biographie de M. Garneau : « Lorsque la nouvelle de la catastrophe de Sedan commença à s’ébruiter à Québec, dit M. Chauveau, on se refusait à y croire ; un grand nombre de citoyens se rendirent aux bureaux des journaux pour se renseigner. Il y avait foule surtout à la porte de l’Événement, car on y avait vu entrer M. Gauthier, consul général de France au Canada. Lorsque cet homme distingué sortit, on put lire sur sa figure la confirmation trop évidente de ce qui avait été annoncé. Alors, spontanément et en silence, tous ceux qui étaient présents se découvrirent, saluant avec respect dans son représentant la France si aimée et si malheureuse. Aucune parole n’aurait pu rendre avec autant d’éloquence les sentiments que nous éprouvions. Dans beaucoup de familles on s’affligea et l’on pleura comme on le fait pour un malheur domestique. »

N’est-il pas vrai qu’à un livre où l’on rencontre la marque de si touchantes sympathies nous devions au moins une mention ?

Langue allemande.

Les récentes histoires de la littérature allemande. — Le temps est bien passé où les Allemands tenaient leur littérature en médiocre estime, et s’intéressaient beaucoup plus aux écrivains français ou anglais qu’à leurs propres auteurs. Aujourd’hui il y a une forte poussée en sens inverse ; chaque jour voit paraître, non seulement de nouvelles éditions de classiques allemands, mais encore des histoires de la littérature ou des recueils de prose et de poésie pour les écoles, aux différents degrés, pour les écoles normales et les gymnases ou collèges.