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A TRAVERS NOS ÉCOLES

place devront transcrire sur leur cahier. Mais ne vous effrayez pas, ce qu’on appelle ici raisonnement est simplement l’indication des opérations à effectuer : 2 fr. 40 c. x 0, 250 grammes. — Comment il se fait que les élèves soient si peu avancées, ai-je besoin maintenant pour me l’expliquer des longues explications de la maîtresse sur les défauts inhérents à la population du pays, sur la légèreté des enfants, la faiblesse des parents, etc. ? Cette personne a bon vouloir ; elle a reçu de sages conseils ; elle n’en a pris que le dessus, ce qui est de forme, mais point de fond. L’ordre en ce qu’il a d’extérieur, j’allais dire de superficiel, elle l’a ; beaucoup de maîtres, surtout de maîtresses l’ont. Mais l’ordre véritable, celui qui pénètre l’enseignement jusqu’en sa moelle, non point matériel, mais intelligent, la méthode, elle ne l’a pas ; elle ne semble pas se douter de ce que c’est ; la méthode, c’est-à-dire l’art de conduire les esprits ; de ne les faire avancer que par degrés, de ne leur présenter que des difficultés qui leur soient accessibles, de les faire travailler, chercher et trouver, de les habituer à se rendre compte, à s’interroger, à comprendre, à voir clair ! Mais comment conseillerai-je cette maîtresse ? Est-ce en ces termes ? Non certes ; mais en reprenant sa leçon par le menu, par le détail, en la démontant pièce par pièce, en lui montrant que rien de tout cela ne portait, n’atteignait ces jeunes intelligences, n’y entrait. Pour cet esprit il ne faut point de considérations générales, abstraites, de haute visée, mais des observations concrètes, pratiques, de métier. Pour être devenus inspecteurs, nous ne cessons pas d’enseigner, de faire l’école ; nous avons seulement changé d’élèves ; sachons nous aussi parler à nos élèves.