Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1884.djvu/457

Cette page n’a pas encore été corrigée
447
À TRAVERS LES ÉCOLES

velle expérience ; et ainsi de suite en remontant toujours vers les premiers rangs et jusqu’à ce qu’on les ait atteints, la difficulté des questions croissant par degrés. Après plusieurs tentatives du même genre, un inspecteur un peu expérimenté a bientôt reconnu qui sait et qui ne sait pas, combien ont suivi et combien n’ont pas suivi, et par conséquent quel a été l’enseignement et comment il a été donné.

Il y a des interrogations de bien des sortes. Écoutez la maîtresse qui dans une petite classe fait une leçon de choses ; elle arrête son exposition ; elle s’adresse à un élève, elle lui demande ce qu’il sait, ce qu’elle sait bien qu’il sait : l’interrogation est ici de pure forme. Ce n’est qu’une manière de rompre le discours, d’y jeter quelque variété, de passer pour un instant la parole à l’enfant, de le faire sortir du rôle passif qui ne saurait longtemps convenir à sa vive nature.

Même avec des élèves plus âgés il y a, au cours de la leçon, l’interrogation soudaine, brusque, moyen de ressaisir les esprits, sorte de rappel à l’attention, avertissement jeté à l’élève qu’il doit toujours écouter parce qu’il peut toujours être interpellé.

Il y a, après la leçon, l’interrogation par laquelle nous cherchons à nous assurer que nous avons été écoulés, ou mieux encore que nous avons été compris. « Ai-je été assez clair, nous demandons-nous avec anxiété ? Ai-je bien dit ce que je voulais dire, comme je le voulais ? » Qui n’a pas connu ces scrupules, cette défiance plus encore de lui-même que de ses élèves, n’est pas un bon maître ; bien plus, n’a pas chance de le devenir.

Il y a l’interrogation qui, la leçon apprise, remplace aujourd’hui dans beaucoup de nos bonnes écoles la récitation. Que c’était pourtant chose commode à l’ancien instituteur que la récitation ! Aussi comme il la prolongeait volontiers ! Comme il s’y reposait doucement ! N’avoir qu’à suivre de l’œil ou plutôt d’une oreille à demi-distraite un texte bien connu, à dire de temps en temps ou plus simplement, sans même parler, à indiquer d’un signe : au suivant ! L’interrogation n’est pas un si mol oreiller : eile tient le maître sans cesse en éveil, en action ; il faut qu’il pose la question, qu’il la choisisse, qu’il en pèse les termes ; il faut qu’il