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À TRAVERS NOS ÉCOLES
(NOTES D’UN INSPECTEUR)




On vous a dit, mademoiselle, que votre classe était froide, sans vie, qu’il fallait l’animer ; on vous a conseillé d’interroger : maintenant vous interrogez trop. Je fais appel à vos souvenirs : vous avez posé une question à Marie, et comme elle tardait à répondre, vous êtes passée à Berthe, à Jeanne, et comme Jeanne ne répondait pas tout à fait comme vous le désiriez, vous vous êtes adressée à une autre et encore à une autre et vous avez fini par répondre vous-même. Ou la question était trop difficile, en dehors de ce que vos élèves pouvaient savoir, et il eût mieux valu ne pas la poser, ou vous deviez presser davantage l’élève que vous avez d’abord interrogée ; en tout cas, il eût fallu revenir à elle, et vous l’aviez si bien oubliée qu’elle restait toujours debout, et c’est moi qui, la prenant en pitié, l’ai d’un signe invitée à se rasseoir. Que l’interrogation ne voltige pas sans cesse en tous sens ; quelle se pose, qu’elle se fixe pour un temps quelque part. Voici un esprit paresseux, lent ; ne l’abandonnez pas à son apathie ; sollicitez-le, pressez-le ; engagez avec lui une sorte de lutte : intéressez, si vous le pouvez, la classe entière à cette lutte, faites l’y participer ; mais revenez toujours à ce même esprit ; il s’agit de savoir si c’est lui qui sera vaincu ou vous. Or je dis que c’est vous qui serez vaincue si vous ne parvenez pas à lui donner la claire notion de ce que vous voulez, de ce que vous devez lui apprendre.

Il y a une autre interrogation rapide, pressée, qui, elle aussi, semble voltiger ct qui, cependant, procède méthodiquement : c’est celle de l’inspecteur qui n’a qu’un temps relativement court à passer dans une classe. Il pose une première question assez simple au dernier élève d’une division et de proche en proche cherche la réponse ; où il l’a trouvée, il pose une autre question plus difficile qui devient le point de départ d’une nou-