À TRAVERS NOS ÉCOLES
(NOTES D’UN INSPECTEUR)
« C’est mon cahier de Devoirs à la maison », me dit l’élève. Je je feuillette ; chaque page porte un grand signe au crayon bleu qu’y a laissé la main du maître. Je prends deux, trois, dix, vingt cahiers, sur tous je retrouve le même signe. Je lis un de ces cahiers ; il est émaillé de fautes dont pas une n’a été touchée ni même soulignée. Ainsi des autres cahiers. Qu’est-ce alors que ce signe ? un trompe-l’œil ? Le maître a l’air d’avoir corrigé le devoir ; le directeur a l’air de croire que le devoir a été corrigé ; l’inspecteur primaire a l’air d’avoir vérifié. Rien de mauvais comme cette série d’apparences convenues. Et l’élève, que pense-t-il ? qu’il faut avoir l’air de faire son devoir ? Mais, me dit-on, le maître n’a pas le temps de voir chaque jour tous ces devoirs. Je comprends ; qu’il n’en voie que dix, ou moins encore ; mais qu’il les voie vraiment ! Ne faisons rien que de sincère, rien que de sérieux ; et par notre exemple apprenons à nos enfants à ne rien faire que de sincère, que de sérieux.
Ou connaît le procédé qui suit : Un sujet étant donné, faire chercher par la classe les développements qu’il comporte ; celui-ci trouve une idée, celui-là une autre ; toutes sont recueillies et inscrites au tableau noir à mesure qu’elles se présentent ; il s’agit ensuite de les classer ; nouvel effort fait en commun ; de là sort le canevas sur lequel les élèves auront à travailler, chacun alors en particulier. — Je viens de voir ce procédé employé par deux maîtres ; les résultats ont été très différents. Chez le premier l’exercice a d’abord été froid, pénible, traînant, les élèves ne parlant pas, ne trouvant rien ; puis il est devenu confus, tous voulant parler, l’un répétant ce que l’autre avait déjà dit ; ce qui était mal venu se débrouilla mal ; le canevas manqua de netteté. Chez le second, tout s’est déroulé avec suite et ordre ;