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ÉTUDE ET ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE EN FRANCE

Au moment où disparaissait Malte-Brun s’élevait un autre géographe, de moins grande envergure, il est vrai, et plus modeste dans ses prétentions, mais qui allait vouer à l’enseignement même et à la vulgarisation de la géographie une vie laborieuse et souvent féconde. C’était Eug. Cortambert[1], d’une intelligence à la fois vive et nette, et dont les charmantes qualités d’esprit se retrouvent dans les livres composés par lui à l’usage de la jeunesse. Le premier en France, « il rassembla les données éparses d’une science qui se complète chaque jour et qui n’est jamais achevée, les groupa d’une façon méthodique, et les présenta sous l’aspect le plus instructif pour les rendre accessibles aux divers degrés de l’enseignement et profitables à toutes les intelligences[2] ». Il avait d’abord travaillé à une révision complète du dictionnaire de Picquet. De 1826 à 1834 il fit paraître ses Éléments de géographie, et peu après sa Physiographie. Jusqu’aux derniers moments de sa vie il corrigeait et améliorait ses œuvres pour les rendre irréprochables. Il fut même considéré comme chef d’école ; et de nos jours c’était sa méthode, improprement dite cosmographique ou abstraite, que ses partisans opposaient avec plus ou moins de raison à la méthode physique ou concrète de M. Levasseur[3].

Contemporain de l’un et de l’autre de ces deux géographes, M. Vivien de Saint-Martin entreprenait alors ces travaux multiples qu’il devait poursuivre jusqu’à ce jour avec la patience la plus soutenue et un talent hors ligne. Nous avons mains en vue les études de linguistique et d’érudition pure, qui le placent à côté de Letronne, de Klaproth et de Rémusat, que les ouvrages de longue haleine consacrés exclusivement à la géographie. Quelques-uns sont achevés, d’autres se poursuivent encore aujourd’hui. Il en commençait alors la longue et laborieuse préparation ; c’est dire le soin et la conscience mis par l’auteur à élever ces véritables monuments qui seront l’honneur de la science française tout autant que celui du géographe : nous voulons parler notamment de l’Histoire de la géographie, et du Dictionnaire géographique, la plus vaste publication de ce genre qui ait été faite, et digne de figurer à côté du Dictionnaire de la langue française de Littré.

En outre, M. Vivien de Saint-Martin nourrissait depuis longtemps le rêve de doter la France d’un Atlas, qui fût le complément naturel de ses travaux et de ceux de son maître et ami, Malte-Brun ; qui soutint aussi la comparaison avec celui que Justus Perthes élaborait et publiait à Gotha. Quand ce rêve sera-t-il réalisé ? La maison Hachette

  1. 1805-1881.
  2. Allocution prononcée par M. E. Levasseur aux funérailles d’Eug. Cortambert.
  3. La réputation comme l’œuvre d’Eugène Cortambert a été continuée de nos jours par son fils, M. Richard Cortambert, chez lequel on retrouve les mêmes qualités d’esprit et les mêmes soucis de l’exactitude scientifique. M. Richard Cortembert vient de mourir (janvier 1884).