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ÉTUDE ET ENSEIGNEMENT DE LA GÉOGRAPHIE EN FRANCE

découvertes maritimes, inaugurées par les Dieppois, les Portugais et les Espagnols. Au fur et à mesure que s’étendait le domaine de l’homme civilisé, on devait chercher à connaître les possessions nouvellement acquises, à se rendre compte de leur étendue et de leur configuration. Mais l’étude qui s’imposait avant toute autre aux esprits cultivés et chercheurs, que la Renaissance avait nourris de fortes études classiques, était la comparaison de la partie du globe alors explorée avec les territoires restreints qu’avaient habités les anciens. De là ce caractère que présente, à la fin du xvie siècle, la science géographique avec l’Italien Riccioli, les Allemands Munster et Cellarius. Ce sont des érudits et des lettrés plutôt que de véritables géographes. Mais Mercator[1] et Ortelius[2] reprennent les grandes traditions de Ptolémée et de Strabon. De nouvelles et intéressantes cartes sont dressées, bien supérieures aux portulans des Génois, des Pisans et des autres nations maritimes du moyen âge.

Bientôt s’ouvre le xviie siècle. La France s’initie à son tour à ce grand mouvement scientifique, auquel elle ne pouvait rester étrangère, pas plus qu’elle ne s’était désintéressée des longs voyages de découvertes accomplis aux siècles précédents. Les frères Parmentier et Jacques Cartier, à l’époque de François Ier, Laudonnière et beaucoup d’autres, sous l’énergique impulsion de l’amiral Coligny, méritent d’être rappelés. Bientôt même elle arrive à diriger elle-même ce mouvement, d’abord avec Nicolas Sanson[3], d’Abbeville, et ses fils, auteurs de cartes beaucoup plus précises et même plus estimées que celles d’Ortélius ; puis avec la brillante dynastie des Cassini[4] originaire d’Italie, naturalisée française en 1673, et qui nous conduit de la féconde administration de Colbert aux belles réformes de la Constituante.

Jacques Cassini est connu pour ses travaux relatifs à la détermination de la figure de la terre. Cassini de Thury a commencé cette merveilleuse Carte de France, de 11 mètres de hauteur sur 11 m. 33 c. de large, et composée de 180 feuilles, que son fils devait achever : œuvre grandiose et qui ne devait jamais être surpassée, ni comme science ni comme exécution.

Dans la même période de temps, une autre dynastie poursuivait les mêmes études et s’y faisait un renom, sinon aussi grand, du

  1. Mercator (1512-1594), géographe de Charles-Quint. Il a donné son nom à la projection employée dans les cartes marines.
  2. Ortelius (1527-1598), géographe de Philippe II. Il est l’auteur d’un atlas intitulé : Theatrum orbis terrarum.
  3. Nicolas Sanson, né à Abbeville (1600-1665), géographe de Louis XI.
  4. Jean-Dominique Cassini, astronome, né dans le comté de Nice (1625-1712), fonda l’observatoire de Paris. — Jacques Cassini (1669-1756). — Cassini de Thury (1714-1784). — Jacques-Dominique Cassini (1747-1845) prend part, sous la Constituante, à la division de la France en départements.