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REVUE PÉDAGOGIQUE

esprit : cet élément pour ainsi dire étranger est un obstacle a la bonne marche des classes.

Si tout le monde est d’accord dans le sein de la conférence sur la nécessité de réduire les matières de l’enseignement, on cesse de l’être quand il s’agit de déterminer sur quelles matières devra peser la réduction. Les philologues demandent instamment qu’on ne raccourcisse pas la part du grec et du latin ; ils aiment mieux qu’on fasse porter le sacrifice sur les mathématiques et les études accessoires ; les médecins rompent une lance en faveur des mathématiques et des sciences naturelles ; la majorité de la commission est d’avis qu’on pourrait tout ensemble rogner la part des études de grammaire pour les langues anciennes et des mathématiques pures sans nuire réellement à la cause des humanités.

Un membre de la conférence, qui appartient au conseil supérieur d’hygiène, recommande à la conférence d’introduire dans le plan d’études trois heures de gymnastique par semaine au lieu de deux, et de ne pas les placer dans les premières heures du jour ; il voudrait aussi qu’à côté de ces études régulières, on laissât le temps nécessaire pour d’autres exercices du corps tels que nager, patiner, etc., pour des jeux en plein air et des excursions en commun. Plusieurs personnes expriment le désir que les leçons ne dépassent jamais une durée de quarante minutes, et que les classes aient toutes lieu dans la matinée, afin d’éviter autant que possible les travaux à la lampe.

Les directeurs admettraient en principe l’augmentation des heures de gymnastique, mais le temps, les locaux et l’argent même font défaut pour cet objet. D’ailleurs, quelque intérêt qu’on prenne légitimement à la gymnastique, on ne peut sacrifier à cet intérêt celui du progrès intellectuel des élèves, spécialement confié aux établissements d’instruction publique ; le soin de la santé et des exercices du corps revient surtout à la famille. (Il ne faut pas oublier qu’il s’agit exclusivement d’externats.)

Déjà depuis trois ans, au gymnase de Carlsruhe, les classes moyennes et supérieures n’ont de leçons que le matin, pendant cinq heures, ce qui rend possible de renoncer à l’éclairage des après-midi d’hiver et de donner plus de deux demi-journées de liberté par semaine. Maîtres, élèves et parents sont enchantés de cette pratique et presque tous les médecins de la ville l’ont approuvée ; du reste, le même usage est pratiqué depuis longtemps dans les grandes villes du nord de l’Allemagne. Cette augmentation des leçons du matin se recommande aussi à cause des écoliers du dehors ou des quartiers éloignés.

Des repos réguliers entre les leçons et une disposition bien aménagée des diverses matières d’enseignement permettent ces cinq heures de leçons sans la moindre fatigue pour les élèves.

Cette manière de distribuer le temps soulève néanmoins d’assez nombreuses objections ; les heures de repas des familles où les en-