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UNE VISITE AU MUSÉE ET À L’ÉCOLE DE SOUTH KENSINGTON


Le Musée.

Le musée et l’école de South Kensington occupent à Londres des bâtiments considérables, aux abords d’un terrain très étendu et formant parc.

Le musée et l’école ne font qu’un, si bien qu’une seule porte de l’école s’ouvre au dehors et que toutes les autres donnent accès aux différents étages du musée, où les élèves pénètrent librement.

Une belle cour intérieure, décorée de peintures murales et de bas-reliefs, ouvrages des élèves de l’école, est le seul point remarquable de ces nombreuses constructions, en pierre grisâtre et en briques ternes, élevées successivement pour abriter les collections, toujours grandissantes, d’objets d’art apportés chaque année de tous les points du globe. Les moulages des sculptures les plus célèbres, des morceaux d’architecture comme la chaire de Pise, la colonne Trajane, encombrent des halls immenses ; la colonne Trajane, coupée en deux tronçons à cause de ses dimensions, offre tout près du regard ses énormes enroulements de sculpture qui apparaissent monstrueux et frustes. Chaque âge de la statuaire est représenté. Aussi est-on étourdi, ébloui au milieu de cet entassement. Si l’on passe aux vitrines, on est encore forcé d’admirer les armes, les joyaux, les tissus précieux. Ceux-ci viennent de France, d’Italie, d’Allemagne, et d’Orient ; ceux-là arrivent tout nouvellement de l’Inde.

Dans les vitrines réservées aux produits de l’art hindou s’étalent des étoffes éclatantes, de miraculeuses broderies faites il y a des siècles, représentant des fêtes religieuses, des dieux inconnus, des combats, des animaux fantastiques ; plus loin, ce sont des vêtements de mariée tissés par la petite fille de dix ans, pour le jour de ses noces ; à douze ans, son œuvre est terminée, elle la revêt et se marie. Les dessins sont toujours spéciaux et d’un goût original. Quelquefois, de nombreux petits fragments de glace, sertis de broderies, ornent et font briller les corsages flottants et les jupes rouges ou bleues. On m’a fait remarquer une pièce d’étoffe brun sombre couverte de petites palmettes effacées dans un fond terne. C’est l’étoffe d’un vêtement destiné au chah de Perse : des existences d’homme s’épuisent à la tisser, tant les laines sont ténues. Cette pièce coûte mille francs le mètre. Mais entre toutes ces curiosités