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L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES ALGÉRIENS

placés à la tête de ces établissements. Enfin, un certain nombre d’indigènes fréquentent les écoles publiques établies dans les villes et dans les villages européens. Au total, 2,814 garçons et 358 filles recevaient notre enseignement primaire, ce qui donne un élève pour neuf cents habitants : nous avons vu que chez les Européens la proportion était de un élève pour neuf habitants.

L’enseignement secondaire était suivi par 193 élèves indigènes ; enfin, 116 musulmans — en y comprenant les 109 étudiants des medraça — suivaient les cours de l’enseignement supérieur.

Ce déplorable état de choses ne pouvait se perpétuer. Depuis longtemps déjà des voix autorisées, chaque année plus nombreuses, s’élevaient en faveur de l’instruction des indigènes ; la presse algérienne prenait nettement parti pour cette cause ; les indigènes eux-mêmes, si souvent représentés comme réfractaires à toute idée de progrès, se prononçaient pour la création des écoles qui leur manquaient. L’administration supérieure ne pouvait rester insensible à ce mouvement d’opinion. À la suite d’une mission remplie en Algérie par M. Henri Lebourgeois, M. Jules Ferry décida qu’un certain nombre d’écoles seraient établies en Kabilie. Quatre de ces écoles ont été ouvertes en 1883. Mais ces établissements reviennent à un prix relativement très élevé. Aussi, en signalant au ministre de l’instruction publique, lors de la discussion du budget de 1883, la nécessité de se préoccuper sérieusement de la question de l’enseignement des indigènes, M. Thomson, député de Constantine, faisait remarquer que ces écoles ne devaient être considérées que comme des établissements modèles, mais que ce n’était pas au moyen de constructions aussi coûteuses et en faisant appel aux instituteurs de la métropole que l’on pouvait songer à répandre l’instruction parmi les populations musulmanes, car on serait vite arrêté dans cette voie par d’insurmontables difficultés financières. Il fallait faire vite et à peu de frais, sauf ensuite à rendre définitive l’œuvre provisoire en la perfectionnant peu à peu. Dans cette situation, il ne pouvait être question de promulguer purement et simplement en Algérie les lois et règlements qui régissent en France l’enseignement primaire. Il fallait recourir à une législation spéciale qui, tout en sauvegardant les principes essen--