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REVUE PÉDAGOGIQUE

Nous résumons, d’après les Pädagogische Blätter, la discussion qui a eu lieu sur cette question.

Le rapporteur, M. Friese, directeur d’école normale, se plaint que beaucoup de jeunes gens, au sortir de l’école, une fois le premier examen passé, ne travaillent plus, n’aient plus le désir de progresser. Ceux qui sont placés dans les villes vont de Pavant, passent des examens élèves et même parfois des examens de l’instruction secondaire ; à en est autrement de ceux qui restent à la campagne. Il parait que tous les maîtres actifs, ayant quelque ambition, se poussent vers les villes, et surtout vers les grandes villes, où l’on trouve plus de. ressources et de satisfactions de différents genres.

Notons en passant que la Prusse compte 3,300 écoles dans 1,300 villes et 30,000 écoles pour 53,000 communes rurales ; tels sont les chiffres que donne le rapporteur ; il calcule que sur 4 millions et demi d’enfants obligés par la loi à fréquenter l’école, les villes en ont un million et demi, et les campagnes trois millions : vingt mille instituteurs se trouvent dans les villes ; les campagnes en possèdent un peu plus du double. Nous laissons à M. Friese la responsabilité de cette statistique.

IL ajoute que sur 934 instituteurs qui dans la province de Brandebourg se sont présentés au second examen, 737 seulement l’ont passé, c’est-à-dire moins de 75 % ; dans toute la monarchie prussienne, de 1875 à 1889, il s’est présenté 1,466 candidats à ce second examen, 350 qui auraient dû s’y présenter n’ont pas osé l’affronter ou y ont échoué. Bref, tout calcul fait, et en y comprenant d’autres provinces d’Allemagne, le rapporteur conclut qu’il y a 27 % d’instituteurs qui n’arrivent pas au but, qui ne passent pas le second examen, nécessaire à leur nomination définitive, qui n’ont pas su, pas pu, ou pas voulu s’y préparer convenablement. C’est en effet une proportion considérable et qui mérite d’appeler l’attention.

Que faire pour remédier à ce mal ? Les causes en sont multiples. Elles tiennent, d’après les divers auteurs qui se sont présentés, d’une part à ce qu’un certain nombre d’instituteurs n’ont pas passé par l’école normale ; il y eut un temps où, par pénurie de maîtres, on prenait de toutes mains tout ce qui se présentait, et aujourd’hui on en ressent les conséquences ; il a fallu également remplir les écoles normales nouvellement fondées de jeunes gens mal préparés dont une partie ne put servir.

À ces causes passagères, il faut joindre, d’après le rapporteur, celles qui viennent de l’enseignement même des écoles normales ; il n’est pas suffisamment éducatif, suggestif, il ne dépose pas dans l’esprit des jeunes gens des germes assez forts pour se développer plus tard dans la vie active. Cette critique a naturellement été formulée avec beaucoup de réserve, vu l’auditoire auquel elle s’adressait.