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Allain et de bon nombre de ceux qui appartiennent à son école. Pour nous, la question est toujours de savoir au juste ce qu’on enseignait dans ces écoles que M. l’abbé Allain recense avec tant de scrupule, à qui elles s’adressaient et par qui elles étaient fréquentées ; nous nous demandons aussi quelle valeur pédagogique, c’est-à-dire de véritable instruction intellectuelle et morale, représentent ces signatures de conjoints qu’on prend tant de peine à supputer. M. l’abbé Allain ne nie pas, au moins complètement, l’insuffisance des anciens programmes ; mais, dit-il, dans les écoles modernes, le progrès n’est-il pas plus apparent que réel, et à vingt ans reste-t-il grand chose à nos ouvriers de la science quasi-universelle qu’on a essayé de leur infuser ? À supposer que ce reproche soit juste, M. l’abbé Allain conviendra bien avec nous que ce n’est pas là une réponse. Il dit plus justement que le programme des anciennes écoles « suffisait aux besoins du plus grand nombre ». C’est là le vrai, suivant nous : les besoins du plus grand nombre étant fort restreints sous l’ancien régime, les écoles de l’ancien régime avaient le droit d’être insuffisantes ; nous sommes persuadé, pour notre part, qu’elles l’ont été, non seulement, quoi qu’on en dise, en nombre, mais surtout en valeur pédagogique, et que personne ou à peu près personne ne s’en plaignait, parce que, malgré de très louables efforts locaux ou individuels, personne ou à peu près personne ne ressentait « le besoin » d’en faire usage. Il n’en est plus de même aujourd’hui, le milieu social ayant changé. Nos écoles aujourd’hui sont ce qu’elles sont, mais tout le monde se tourne vers elles, comme vers un élément indispensable de l’existence moderne : c’est tout le secret de leur progrès, qu’il ne faut pas vouloir nier, parce que ce serait nier l’évidence ; dont on ne cherche pas non plus d’ailleurs à dissimuler les défauts ou les lacunes. Le seul privilège que nous réclamerions, quant à nous, ce serait de ressentir ces défauts et ces lacunes plus vivement que qui que ce soit.

Pendant le siège ; réflexions politiques et morales, par M. le premier président Gilardin, avec une introduction de M. Choppin d’Arnouville (Le Correspondant, nos du 25 avril, du 10 mai et du 25 mai 1883). — M. Gilardin, premier président de la cour de Paris, mort en 1875, a écrit ces « Réflexions politiques et morales » pendant le siège de Paris, au jour le jour, sous le coup même des événements. Il y recherche les causes de tous les désastres, du dehors et du dedans, qui pesaient alors sur la patrie, et les moyens d’y remédier, car il est fort loin de désespérer de la France. « Ce n’est pas une nation vouée aux vengeresses destructions de l’Apocalypse que celle qui, réduite aux dernières extrémités, trahie par la fortune, abandonnée de l’Europe, improvisant avec fureur canons, armes et soldats, n’a pas cessé, l’honneur du moins restant sauf, de rebondir sous l’outrage de l’invasion et le malheur de la guerre. »