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L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

En France, la population scolaire est d’environ 5 millions d’enfants, soit un peu plus d’un huitième de la population totale. En Algérie, le recensement de 1881 porte à 2,850,000 la population indigène musulmane. Le huitième de 2,850,000 est 356,250. Mais il ne faut pas oublier que le plan que nous présentons laisse en dehors les enfants du sexe féminin. Pour que l’instruction pour les garçons fût répandue parmi les indigènes de l’Algérie dans les mêmes proportions qu’en France, il faudrait qu’il y eût dans les écoles 200,000 garçons. À la vérité, nous n’atteignons pas ce chiffre, mais nous ne restons pas tellement au-dessous.

Ainsi, moyennant une dépense une fois faite de moins de 9 millions, moyennant une dépense annuelle inférieure à 8 millions et demi, on pourrait faire pénétrer l’usage de notre langue, les éléments de nos connaissances dans ces masses indigènes qui nous sont restées jusqu’à présent si profondément étrangères ; nous pourrions modeler à notre image les générations nouvelles, leur inculquer nos idées, les entraîner peu à peu dans le courant de notre civilisation. La pacification définitive de l’Algérie est à ce prix. Sans doute, il s’agit de grever le budget national de dépenses nouvelles ; mais de telles dépenses sont productives ; en tout cas elles sont de nature à en éviter beaucoup d’autres. Aujourd’hui la moindre insurrection nous coûte beaucoup plus cher.

Maurice Wahl,
Professeur au lycée d’Alger.