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REVUE PÉDAGOGIQUE

indigènes, ce qui donne en tout 98 unités administratives. Il ne faut pas se tromper à ce nom de commune ; la commune mixte ou indigène est une circonscription territoriale fort étendue : quelques-unes ont une superficie supérieure à celle de certains départements de la France. Une école installée au chef-lieu serait à tous égards insuffisante. Nous proposons de créer dans chacune de ces communes une école primaire qui serait au chef-lieu, mais en même temps de disséminer sur des points déterminés avec soin une dizaine d’écoles moins importantes ; soit par commune une école primaire complète, de plein exercice, et environ dix petites écoles.

Les petites écoles devraient être établies de la manière la plus expéditive et la moins coûteuse. Les indigènes de l’intérieur ne sont pas accoutumés à une recherche et à un confort extrêmes dans les habitations ; des baraques en bois avec. un revêtement de maçonnerie, dans le genre de celles que j’ai vu construire au camp de Mécheria, suffiraient amplement. À l’abri du soleil et de la pluie, avec une distribution convenable d’air et de lumière, les enfants y seraient beaucoup mieux que dans les tentes et les gourbis paternels ; ni tables, ni bancs, ils s’accroupiraient à terre, liraient et écriraient sur les genoux, comme ils font chez eux ou dans les zaouïas. L’autorité civile ou militaire se procure la main-d’œuvre à bon marché ; les matériaux seuls. surtout dans les régions où le bois manque, nécessiteraient des dépenses réelles, mais en somme peu considérables. En confiant la besogne à l’administration locale, on peut être certain qu’elle serait vite faite et qu’elle ne coûterait pas cher. Le programme des études ne serait pas plus compliqué que l’installation matérielle. Les enfants apprendraient tout simplement à lire, à écrire et à compter en français. Pour appliquer un programme d’enseignement aussi élémentaire on n’aurait pas besoin d’instituteurs brevetés ; des moniteurs indigènes feraient l’affaire en se contentant d’une rétribution modique. Ici encore on pourrait employer avec succès le système des dons en nature et des petites récompenses en argent. On n’aurait point de peine à obtenir la fréquentation des écoles partout où la population est sédentaire. La difficulté serait plus grande avec les nomades. Mais les nomades ont leurs parcours bien définis ; ils ont dans