LES PETITES ÉCOLES DE PORT-ROYAL
Parmi les œuvres que le mouvement de rénovation pédagogique
qui s’est produit dans ces dernières années a signalées à
l’attention publique, on peut citer celle de Port-Royal. On n’en
parle jamais qu’avec grand honneur et une particulière
considération. On n’hésite pas, par exemple, à reconnaître et à proclamer
les écrivains de cette société célèbre comme les créateurs
des méthodes nouvelles. « À partir de Port-Royal, a-t-on dit,
les méthodes ont pu recevoir des perfectionnements ; mais le
fond est trouvé… Port-Royal a jeté dans le monde, sur le
sujet de l’enseignement, des idées qui n’en sont plus sorties,
des principes féconds dont on n’a eu qu’à tirer les conséquences…
Il a inspiré Rollin, qui en est l’héritier direct. » Cependant
il est vrai de dire que les pédagogues de Port-Royal
restent peu connus. Sainte-Beuve leur a consacré quelques
chapitres de son Histoire de Port-Royal ; mais cette question
des écoles n’était pour ainsi dire qu’un épisode dans son vaste
sujet, et puis tout le monde n’a pas sous la main les six
volumes de Sainte-Beuve. — D’un autre côté, la pédagogie
n’ayant jamais été l’objet exclusif et propre de leurs études,
leurs idées sur l’éducation se trouvent disséminées dans de
volumineuses collections où il est assez difficile d’aller les
chercher, mêlées qu’elles sont à des discussions et à des controverses
étrangères à l’enseignement. — Enfin des doutes et des
incertitudes de toutes sortes planent sur l’existence même et
surtout sur la nature des écoles qu’ils ont établies ; et pourtant
on ne peut guère se faire une juste idée de leur doctrine et de
leur méthode que si on les replace d’abord dans le milieu dans