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L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

ganyika et se porta au nord ; il eut beaucoup à souffrir ; il perdit un des frères Pocock, il livra une bataille à Vinyata contre les Ouarimi ; la guerre, les maladies, la désertion lui enlevèrent 120 Africains. Le 27 février 1878, il arriva à Kagehyi sur le Victoria, par 33° 13' de long. est et 2° 31' de lat. sud. Speke avait dit : le Victoria est un lac unique ; Livingstone avait dit : le Victoria est un groupe de lacs : qui avait raison ? Stanley tenait à répondre. Il laissa la caravane campée et fortifiée à Kagehyi, et, sur la Lady Alice, avec onze hommes d’équipage et un guide, il commença le périple du lac. Il trouva partout l’affreuse traite des noirs ; il n’est pas ému comme Livingstone, troublé comme Cameron, il s’indigne et s’irrite. Lui-même, il combat, et vainqueur entre dans la baie de Murchison, où le recoit le-chef de l’Ouganda, Mtésa, qui avait tant fait souffrir Speke. Mtésa combla Stanley d’égards ; il le fit accompagner par sa flotte et son amiral Magussa, mais la Lady Alice n’attendit pas les canots, releva promptement la côte occidentale, et après 38 jours d’absence reparut devant Kagehyi ; il était temps, la petite armée levait le camp pour se retirer, le maître les retint.

L’opinion de Speke était justifiée : le Victoria est un le unique. Cependant Livingstone avait affirmé sur le dire des indigènes qu’il y avait plusieurs lacs : il fallait les chercher, et du même coup explorer le lac Albert. Stanley enleva ses hommes de Kagehyi, les établit pour un moment dans l’île du Refuge, et débarqua ensuite à Doumo, août 1873, sur la côte occidendale, dans l’Ouganda. Il reçut de Mtésa une armée et le général en chef Sambouzi. Il franchit les montagnes entre le Victoria et l’Albert par un col haut de 1,800 mètres, au pied du fameux Gambaragara qui, par son altitude de 5,000 mètres, rivalise avec le Kilimandjaro et le Kénia ; il y trouva, étrange mystère, une tribu d’hommes blancs que, sans leurs cheveux laineux, on aurait pu prendre pour des Grecs. Le 11 janvier 1876, il était au village d’Ounyanpaka sur l’Albert ; il voulait descendre, monter la Lady Alice et explorer la belle et imposante nappe d’eau qui s’étendait sous ses yeux. Sambouzi s’opposa à toute descente, à tout séjour. Stanley se soumit en grinçant des dents, “et le 18 janvier il rentrait à Doumo.

Alors il se remet en route avec sa caravane, gagne le Kagera