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L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

phages ; je verrai : ou bien la fièvre me tuera : ou bien je serai mangé ».

Depuis le 20 mars 1867 jusqu’en juin 1869, on perd de vue le docteur ; on n’a de lui aucune nouvelle ; enfin on apprend qu’il est à Udjiji sur la rive orientale du Tanganyika ; en 1870, on sait qu’il est à l’ouest, dans le Manyema ; en 1871, on raconte qu’il est encore « sans secours, sans ressources, accompagné d’un petit nombre de serviteurs ; puis viennent des bruits de lutte, de maladie, même de mort. Des expéditions partent à sa recherche, mais toutes sans résultat, sauf celle qui est conduite par l’Américain Stantey.

M. Henri Stanley était un des correspondants d’un journal de New-York, le New-York Herald. On connaît cette grande feuille américaine, qui a sur tous les points du globe des agents qui lui transmettent des renseignements ; elle a été fondée en 1835 par M. J. Gordon Bennett, qui, en 1866, La laissa à son fils en l’estimant vingt millions. En octobre 1869, M. Stanley était à Madrid ; M. Bennett l’appela à Paris, et, comme il croyait que Livingstone vivait encore et qu’il voulait l’annoncer, il envoya Stanley à sa recherche. Le reporter fit un long détour pour glaner des nouvelles de Constantinople à l’Inde, et enfin il arriva à Zanzibar le 6 janvier 4871 ; il en partit pour l’intérieur le 31 mars. Nous ne le suivrons pas sur la route de Tanganyika qu’ont fait connaître Burton et Speke en 1857-58 ; nous dirons seulement qu’il triompha de tous les dangers, et que le 10 novembre il était en vue du lac et d’Udjiji ; il déploya le drapeau américain ct fit décharger les armes. On vint à lui ; il demanda des nouvelles de Livingstone ; par une fortune inespérée il le trouva lui-même, mais malade, affaibli et mal vêtu d’un pantalon gris et d’un paletot rouge ; il était temps de toute façon qu’on vint à son secours.

Livingstone lui raconta qu’il était parti le 20 mai 1867 de Tchitiméda pour l’ouest ; qu’après six mois de marche, par 9 de lat. et 26° de long., il avait atteint le lac Moero à 912 mètres d’altitude ; qu’il avait séjourné à Cazembé du 21 novembre 1867 au 5 mai 1868, explorant le pays, visitant au sud l’entrée du Louapoula dans le lac, et au nord la sortie du Loualaba ; qu’en remontant le Louapoula, il avait trouvé sur le 14° de lat. Le lac qui