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REVUE PÉDAGOGIQUE.

écrivit son second voyage. On put l’y garder un an, puis il repartit : on le vit un instant à Paris chez le baron Nau de Champlouis, et, le 28 janvier 1866, il arrivait à Zanzibar, ct le 14 avril à la Rowouma. Cette fois il la remonta par terre, tantôt sur la rive droite, tantôt sur la rive gauche, jusqu’à Mtenndé. a travers les Makonndas, les Mabihas, les Makoas, les Ajahous ; il se convainquit qu’elle ne sortait pas du lac ; et, comme les populations devenaient hostiles, il renonça à tourner ce grand lac au nord, prit la route du sud-ouest, et à Moemmibé, 14 juillet, à 821 mètres d’altitude, il découvrit un splendide pays et avec quel bonheur : « Quand on travaille ainsi pour Dieu. dit-il, la sueur qui coule du front n’est plus un châtiment : elle est vivifiante et se change en bienfait ». Partout, hélas ! sévissait l’esclavage qui le trouble : « à hommes, s’écrie le missionnaire, est-ce pour un tel sort que Dieu a fait ses créatures ? »

Le 8 août, il est au lac, qu’il reconnaît comme un bassin fermé ; il signale au sud, au lieu où le Chiré prend son cours, un rétrécissement du lac que les indigènes nomment alors Pamalommbé ; il traverse et retrouve les Maravis, et, au mon Tchisia, il voit d’un côté le bassin fermé du Nyassa et de Vautre la vallée ouverte du Zambèze. Il s’y engage, rencontre des fleuves qui sont évidemment les tributaires du Zambèze. le Loanngoua, le Pamasi, le Nyamazi, et atteint une ligne de faîte, les monts Lobisa, qui courent à l’ouest. Là finit la vallée Zambézienne ; et au delà que trouve-t-on ? le Nil ou le Congo ? Il passe une rivière, le Chambèse qui va à un grand lac à l’ouest, une autre ligne de faîte, le Losammsoué, mais secondaire, et, suivant la rivière Lofou, il touche le 14 mai 4867 à la partie méridionale du Tanganyika, appelée Liemba, à 790 mètres d’altitude. C’est le fond d’un grand plateau, et à l’ouest s’étend un autre plateau, où sont, dit-on, de grands lacs et où la terre que l’eau délaie et couvre est l’empire de la fièvre et de la dysenterie, où les populations décimées par l’esclavage sr sont affolées de terreur et de cruauté. Qu’importe à Livingstone ? il veut savoir ce que deviennent ces eaux ; il parle du Nil, du Congo, du lac Tchad, et dès le 20 mai il s’élance à l’ouest : « Je vais, dit-il, à travers l’eau, la boue, chez des anthropo-