Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/613

Cette page n’a pas encore été corrigée
603
L’AFRIQUE ÉQUATORIALE.

stérile, est un grand réservoir d’eau. Le Nil, dont les sources sont encore inconnues, n’en sortirait-il pas ? Nil, Congo, Zambèze se touchent peut-être à l’origine : « il faut voir ». Le docteur ne veut pas toutefois exposer à de périlleux voyages sa femme et ses enfants ; il les conduit au Cap et les envoie en Angleterre, 1852. Il raconte à ce moment que depuis douze ans il portait le même habit et sa femme les mêmes robes ; ses enfants étaient à demi nus. Avec l’argent des missions et sa part dans les bénéfices de chasse de M. Osweil, il les vêtit et se vêtit lui-même. Du reste la gloire que le missionnaire n’avait pas cherchée, mais dont le voyageur devait sentir l'aiguillon, commençait : la Société de géographie de Paris, pour la découverte du lac Ngami, lui décernait une grande médaille d’or.

Le docteur traversa de nouveau le désert de Kalaharri et, sans s’arrêter à Klaarwater, à Kuruman et même à Koloheng, où les Boers avaient détruit sa maison, il atteignit en novembre 1852 Linyanti sur le Chobé. Il y tomba malade de cette fièvre du pays qu’engendrent là chaleur et l’humidité ; le successeur : de Sébitouané, le nouveau chef des Makololos, Sékélétou, le fit soigner et guérir, et, dans sa bienveillance, il le conduisit par le Chobéau Zambeze, près de Séshéké. Quelle masse d’eau imposante ! Elle annonce un grand fleuve qui vient de loin, qui reçoit de gros affluents, et qui, par son cours tumultueux, indique une forte pente ; les montagnes de la ceinture du bassin doivent, à l’ouest et au nord, être éloignées et très élevées. Livingstone relève curieusement les noms expressifs dont se servent les indigünes. Séshéké, c’est le banc de sable blanc sur le bord de l’eau ; le Zambèze, c’est le fleuve par excellence, le beau fleuve. Il entreprend de le remonter avec des canots ; c’était facile au milieu de ces Barotsés si doux, chasseurs intrépides et en même temps infatigables laboureurs. Les affluents de la rive gauche donnent pou d’eau, mais ceux de droite roulent d’énormes volumes : ce sont la Simah, le Longo, la Kama, le Likoko, le Loeti ; chaque confluent est marqué par un village souvent considérable, comme Naméta, Naliélé ; et Les indigènes parlent des grands bois, des hautes prairies de l’ouest. Toutefois, à 14° 20’ de latitude sud, sur là rive gauche, se présente un gros confluent : le Zambèze vient de l’est évidemment et