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REVUE PÉDAGOGIQUE.

apprenant que l’obligation allait enfin être adoptée dans leur ancienne patrie[1]. Ils avaient appris, par expérience, que, sans la fréquentation régulière, les résultats sérieux et durables sont impossibles dans nos écoles. Aussi forment-ils le vœu que ce moyen de salut soit adopté sans délai.

N’a-t-on pas été jusqu’à soutenir que, si les écoles de l’Alsace-Lorraine ont décliné depuis l’annexion, la cause en est à l’obligation ? Les mêmes absurdités ont été soutenues devant la Chambre de 1864, par M. Genteur, alors secrétaire général du ministère de l’instruction publique et commissaire du gouvernement.

« Ne nous demandez pas l’instruction obligatoire ; elle n’est pas dans nos mœurs (marques nombreuses d’adhésion). Vous prétendez qu’elle a réussi dans d’autres pays ; je le nie, je le nie avec des chiffres, et non avec des chiffres en l’air : avec des chiffres authentiques… Et en Prusse ? on nous a mis au-dessous de la Prusse ! (on rit). Sur 3,225,000, six cent mille demeurent étrangers à l’école, tandis qu’avec une population plus grande, nous n’en avons que six cent mille qui restent en dehors de la classe. Nous sommes donc au-dessus de la Prusse !… Il ne faut pas toucher à l’autorité déjà trop restreinte du père de famille (très bien ! très bien !) ; il ne suffit pas de dire : Je demande l’instruction gratuite et obligatoire, et de soulever ainsi autour de soi je ne sais quelle popularité ! (Nombreuses marques prolongées d’approbation.) Il s’agit de savoir quels moyens de coercition appropriés à nos mœurs vous proposez d’employer (c’est cela !). Dans la sentimentale Allemagne, lorsqu’un père de famille refuse d’envoyer son enfant à

  1. Journal d’Alsace du 26 janvier 1879, et Schulblatt du même mois.